Des perspectives suisses en 10 langues

Funérailles au Pakistan d’un mollah pro-taliban assassiné

Sami ul-Haq dirigeait de longue date l'école coranique de Dar- ul-uloom Haqqania dans l'ouest du Pakistan, qui avait jadis accueilli dans ses rangs l'ex-chef des talibans afghans, le mollah Omar. KEYSTONE/AP/ANJUM NAVEED sda-ats

(Keystone-ATS) Une vaste foule s’est pressée samedi aux funérailles d’un influent mollah pakistanais proche des talibans afghans, a constaté l’AFP. Le religieux a été poignardé à mort à Rawalpindi.

Le mollah pakistanais octogénaire Sami ul-Haq, surnommé “le père des talibans” pour ses liens étroits avec le mouvement insurgé afghan, a été tué vendredi soir par des inconnus alors qu’il se trouvait à son domicile de Rawalpindi, la ville-jumelle de la capitale Islamabad. Il a été porté en terre samedi après-midi dans sa ville natale de Akoda Khattak, à 110 km au nord-ouest d’Islamabad, en présence de milliers de personnes.

La cérémonie avait été placée sous très haute sécurité et une unité de déminage avait été envoyée sur place avant l’arrivée du cercueil, a constaté l’AFP.

Sami ul-Haq dirigeait de longue date l’école coranique de Dar- ul-uloom Haqqania dans l’ouest du Pakistan, qui avait jadis accueilli dans ses rangs l’ex-chef des talibans afghans, le mollah Omar, et l’ancien leader du réseau Haqqani, Jalaluddin Haqqani.

Parmi les noms de ses anciens élèves, inscrits sur les murs du séminaire, figuraient aussi ceux de dirigeants des talibans pakistanais. Une enquête menée après l’assassinat en 2007 de l’ex-Première ministre Benazir Bhutto avait révélé que ses auteurs avaient séjourné dans l’école du mollah avant de commettre leur crime à Rawalpindi.

“Grande perte pour la nation”

Les talibans afghans ont déploré dans un communiqué samedi la mort de Sami ul-Haq, qualifiée de “grande perte pour toute la nation islamique”. “Il a rendu des services et une aide inoubliable à la nation afghane opprimée face aux invasions soviétique et américaine”, selon le communiqué.

Des diplomates afghans au Pakistan avaient fait appel à lui pour requérir son aide afin de lancer des négociations de paix avec les talibans afghans.

Mais l’analyste Rahimullah Yusufzai estime que son influence était limitée en la matière. “Il n’avait pas d’influence sur les talibans afghans mais il soutenait leur cause”, a-t-il indiqué à l’AFP. “De nombreux chefs et combattants des talibans afghans avaient étudié dans sa medrasa”, note-t-il. Sa mort n’aura “pas d’effet” sur les actuelles tentatives pour relancer les négociations de paix en Afghanistan, estime-t-il: “il n’a jamais fait partie du processus de paix”.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision