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Grèce: le doyen de la gauche s’en prend au gouvernement Tsipras

(Keystone-ATS) Le député européen Manolis Glezos, 92 ans, figure historique de la gauche grecque et de la résistance, s’est fendu dimanche d’une critique virulente des concessions faites par le gouvernement grec dans ses négociations avec la zone euro. Il appelle les militants de Syriza, parti dont il est élu, à se réunir en urgence.

“Je m’excuse auprès du peuple grec d’avoir participé à cette illusion”, a écrit le doyen du Parlement européen sur un blog. Il a déploré qu’après un mois de gouvernement “les annonces ne soient pas devenues pratiques”.

Pire, “rebaptiser la ‘troïka’ en ‘institutions’, le ‘memorandum’ en ‘accord’, les ‘créanciers’ en ‘partenaires’ (…) ne change rien à la situation”, écrit Manolis Glezos en référence aux évolutions sémantiques qui accompagnent le compromis trouvé entre la Grèce et la zone euro vendredi.

“Mal informé”

Elu eurodéputé Syriza en mai, Manolis Glezos appelle sur ce blog les militants du parti à se réunir en urgence “pour décider s’ils acceptent cette situation”, “avant qu’il ne soit trop tard”.

Le gouvernement a réagi à cette attaque en expliquant que l’élu était “sans doute mal informé” et que “la négociation difficile se poursuivait” avec la zone euro. Dimitris Papadimoulis, autre eurodéputé Syriza, a fait part sur Twitter de son “respect” pour M. Glezos tout en lui faisant remarquer qu’il fallait actuellement être “avec le gouvernement et non contre lui”.

Certains observateurs politiques s’interrogent sur le risque de divisions, au sein de Syriza, que pourraient entraîner de trop larges concessions dans les négociations avec la zone euro.

Résistant

Très respecté en Grèce pour avoir notamment décroché le drapeau nazi de l’Acropole en 1941 puis avoir été acteur de toutes les luttes politiques de son pays, Manolis Glezos a payé cet engagement par de nombreuses années passées en prison. Il a rejoint la gauche radicale Syriza après avoir été élu socialiste dans les années 80.

Après de laborieuses séances de négociations à Bruxelles, le gouvernement d’Alexis Tsipras s’est accordé vendredi avec ses créanciers sur la prolongation de l’aide financière à la Grèce jusqu’à fin juin. Athènes doit encore présenter d’ici lundi soir un catalogue de réformes pour que le compromis soit entériné par ses partenaires.

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