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Grèce: les renvois compliqués par une hausse des demandes d’asile

(Keystone-ATS) Les autorités grecques s’employaient mardi à huiler les rouages de l’accord de limitation des migrations UE-Ankara, grippés par une hausse des demandes d’asile et une bronca sur l’île de Chios. Aucun nouveau renvoi n’était annoncé pour mardi.

Les déportations reprendront “quand un nombre suffisant” de migrants aura été réuni et que les autorités turques auront donné leur accord, a indiqué Giorgos Kyritsis, porte-parole du service grec de coordination de la politique migratoire (SOMP). Côté turc, la date de mercredi était avancée.

Lundi, 202 migrants n’ayant pas demandé l’asile ont été transportés des îles de Lesbos et Chios vers le port turc de Dikili, dans une opération très médiatisée.

A Chios, mais aussi à Lesbos, principales entrées en Europe de l’exode en 2015, les procédures ont été ralenties par une “hausse ces derniers jours des demandes d’asile” des migrants exposés au renvoi, a indiqué M. Kyritsis. La mesure concerne tous ceux arrivés en Grèce après le 20 mars.

En conséquence, les autorités grecques doivent “réviser” les listes provisoires établies pour préparer les renvois, a-t-il précisé. Aucune personne ayant demandé l’asile ne sera renvoyée avant examen de son cas, a-t-il insisté.

Refus de retourner au camp

D’après des témoignages de migrants, beaucoup sont résolus à cette démarche une fois qu’ils sont convaincus du risque d’être déportés en Turquie et mieux informés des options offertes.

A Chios, la situation était en outre compliquée par le refus de plusieurs centaines de migrants et réfugiés de réintégrer le camp de rétention de Vial, d’où doivent être coordonnés les retours. Ils s’en étaient échappés vendredi après des rixes entre migrants.

Les autorités entendent “convaincre” ces personnes, dont le nombre est estimé à environ 600, de regagner Vial, au départ du port et d’un camp d’accueil près du centre-ville où ils se pressent depuis, a précisé M. Kyritsis.

“Ces personnes ne peuvent pas rester en ville”, a-t-il insisté, excluant toutefois une “intervention policière” musclée. En attendant, les ferries desservant le chef-lieu de l’île ont été déroutés sur un port distant d’une quarantaine de kilomètres.

Doutes sur un renvoi

Le Haut-Commissariat aux Réfugiés de l’ONU a émis des doutes mardi sur la régularité du renvoi la veille en Turquie de 13 migrants qui souhaitaient l’asile. Ils auraient fait partie du groupe de 66 migrants renvoyés lundi de l’île de Chios.

“Nous craignons que 13 personnes, des Afghans pour la plupart, qui avaient exprimé le souhait de pouvoir demander l’asile, n’aient pas pu être enregistrés à temps”, a indiqué Philippe Leclerc, le représentant en Grèce du Haut-Commissariat aux Réfugiés de l’ONU.

Elles auraient donc été incluses à leur corps défendant dans le groupe des renvoyés. Le HCR est en train de vérifier avec les autorités turques qu’une protection puisse être assurée si elles le souhaitent à ces personnes, a-t-il ajouté.

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