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Grande manifestation pour les victimes de l’incendie de Bucarest

(Keystone-ATS) Des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Bucarest dimanche pour exprimer leur solidarité envers les victimes de l’incendie meurtrier dans une boîte de nuit vendredi soir. Le bilan de 30 morts risque de s’alourdir de façon “significative”.

Trois blessés, gravement brûlés, ont succombé à leurs blessures dimanche, portant le bilan de la tragédie à 30 morts. Quelque 140 personnes étaient toujours hospitalisées, a annoncé le secrétaire d’Etat à l’Intérieur Raed Arafat, dont 35 “sont dans un état critique”. Et 29 des blessés n’ont toujours pas pu être identifiés.

“Nous craignons que le nombre des morts augmente de façon significative”, a-t-il ajouté, à l’issue de la réunion d’un groupe de travail sur la situation au Palais Victoria, siège du gouvernement.

Manquements pointés du doigt

Plus de 10’000 personnes, selon la gendarmerie, ont marché de l’emblématique place de l’Université vers les lieux du drame. De nombreux autres Bucarestois s’y recueillaient devant une mer de fleurs et de cierges déposés depuis samedi.

Nous aurions dû “manifester avant, pour dire que nous n’entrons plus dans de tels établissements, car nous ne sommes plus en sécurité”, relevait Oana, 30 ans. Des manquements aux règles élémentaires de sécurité ont en effet été pointés du doigt.

Autorités accusées

Vendredi, 300 à 500 jeunes venus assister à un concert du groupe local de hard rock Goodbye to Gravity s’étaient entassés dans la discothèque Colectiv lorsqu’un spectacle pyrotechnique a déclenché un incendie. Selon plusieurs témoignages, la plupart des victimes ont été intoxiquées par une fumée épaisse qui a envahi le local, avant d’être rattrapées par les flammes.

Le Parquet général, chargé de l’enquête, doit auditionner les trois actionnaires du club, installé dans une ancienne fabrique de chaussures au coeur de la capitale. Les médias ont accusé les propriétaires, mais aussi les autorités, d'”irresponsabilité”.

“Coïncidence, malédiction ou indolence criminelle?”, s’interroge le quotidien Evenimentul Zilei. Deux autres boîtes de nuit détenues par l’un des patrons du Colectiv ont déjà été détruites par des incendies ces dernières années, souligne le journal.

Pas de sortie de secours

De nombreuses irrégularités ont déjà été identifiées. Une seule porte était ouverte dans la discothèque, qui ne disposait d’aucune sortie de secours. En outre, des matériaux inflammables de mauvaise qualité ont été utilisés pour l’isolation acoustique, ce qui a accéléré la propagation du feu, selon une source policière.

La boîte de nuit ne disposait pas des autorisations requises pour accueillir des concerts et encore moins des spectacles pyrotechniques, a également souligné Raed Arafat. Les enquêteurs veulent entamer rapidement l’audition des témoins.

Les résultats des premières autopsies ont révélé que les victimes avaient été intoxiquées par du monoxyde de carbone et des gaz toxiques, selon des sources médicales citées par l’agence roumaine Mediafax. La plus jeune victime serait un adolescent de 15 ans. Deux guitaristes du groupe sont également décédés.

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