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Grande-Synthe: évacuation d’un campement d’environ 1800 migrants

"Il fait froid, il y a seulement six robinets d'eau au total, pas de douches ni de toilettes, ce qui a des conséquences en terme d'hygiène", a déclaré Akim Toualbia, vice-président de l'association Drop. KEYSTONE/AP/MICHEL SPINGLER sda-ats

(Keystone-ATS) Les forces de l’ordre françaises ont procédé mardi matin à l’évacuation du campement de Grande-Synthe (Nord), près de Dunkerque, où vivent quelque 1800 personnes. Il s’agit de la sixième opération de ce type en cinq mois.

Des centaines de policiers et gendarmes se sont déployés à partir de 07h30 sur le campement du Puythouck, régulièrement occupé par les migrants, en grande majorité des Kurdes irakiens.

Le nouveau ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, qui a assuré dimanche vouloir “mettre fin” à la situation, était attendu sur place en fin d’après-midi.

“Plus de 1800 personnes seront prises en charge et mises à l’abri dans des structures d’hébergement réparties dans l’ensemble de la région des Hauts-de-France et des régions périphériques”, a annoncé la préfecture du Nord dans un communiqué.

“Enrayer les trafics d’êtres humains”

L’opération vise notamment à “enrayer les trafics d’êtres humains dans ces campements où les filières de passeurs sont actives”, ajoute-t-elle.

Vers 09h00, des migrants, parmi lesquels de nombreuses familles, ont rassemblé leurs affaires dans le calme, tandis que des policiers et des agents de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) leur expliquaient la marche à suivre, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Une évacuation du même type avait déjà eu lieu le 28 septembre. Environ 400 à 500 personnes étaient alors montées dans des bus à destination de plusieurs centres d’accueil des Hauts-de-France. Le 6 septembre, les autorités avaient également procédé à une “mise à l’abri” de 539 personnes se trouvant dans un campement insalubre à proximité de la gare de triage.

Retours prévus

“La mise à l’abri est nécessaire, mais on sait très bien que certains exilés vont revenir, comme à chaque fois dans ce genre de cas”, a déclaré Akim Toualbia, vice-président de l’association Drop, qui faisait encore état lundi d’une “situation très tendue”.

“Il fait froid, il y a seulement six robinets d’eau au total, pas de douches ni de toilettes, ce qui a des conséquences en terme d’hygiène”, a-t-il affirmé.

“Ça fait 20 ans qu’ils procèdent comme ça, ils n’ont toujours pas compris qu’il fallait mettre en place de la prévention, des solutions, ils ne sont que dans la répression”, a pour sa part déploré sur place Jean-Claude Lenoir, de l’association Salam.

Réouverture d’un camp envisagée

La situation est telle que le maire écologiste de Grande-Synthe, Damien Carême, s’est dit prêt à rouvrir le camp de la Linière, détruit par un incendie en 2017 et qui accueillait 1500 personnes.

M. Castaner a pour sa part assuré au Journal du dimanche qu’il “mettrait fin à cette situation, quitte à ordonner des évacuations, en lien avec les collectivités locales”, reconnaissant que “des passeurs tiennent 1500 personnes dans des conditions de vie scandaleuses” à Grande-Synthe.

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