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Hans-Jürg Käser évoque une interdiction des distributeurs de Corans

Le président des directeurs cantonaux de justice et police Hans-Jürg Käser évoque une interdiction de l'action "Lies!", qui distribue gratuitement des Corans (archives). KEYSTONE/PETER SCHNEIDER sda-ats

(Keystone-ATS) La distribution gratuite de Corans par l’organisation “Lies!” fait craindre en Suisse une radicalisation de jeunes personnes, mais elle n’est pas interdite. Le président de la Conférence des directeurs cantonaux de justice et police (CCDJP) veut ouvrir le débat.

“Il est prouvé que des gens proches de cette organisation se sont radicalisés. C’est pourquoi il faut examiner une possible interdiction”, a dit Hans-Jürg Käser dans une interview publiée jeudi par la Neue Zürcher Zeitung. Ce ne sont pas simplement des hommes pieux qui distribuent leur livre sacré dans les villes. Derrière cette action se cache un système, estime le conseiller d’Etat bernois (PLR).

L’organisation “Lies!” (“Lis!” en français) a été fondée en Allemagne. En Suisse, elle est active dans toutes les grandes villes. Elle distribue gratuitement aux passants des Corans à Winterthour (ZH), Zurich, Bâle ou Berne ainsi qu’en Suisse romande. On ignore combien de livres ont été distribués jusqu’ici en Suisse.

“Donner publiquement un signal”

En novembre dernier, le Ministère allemand de l’Intérieur avait interdit cette action. Le procureur général de la Confédération Michael Lauber avait alors estimé juste qu’il n’y ait pas une telle interdiction en Suisse. Selon lui, des interdictions exagérées repoussent ces activités dans la clandestinité, ce qui complique le travail des autorités de poursuite et peut encore favoriser une radicalisation.

Hans-Jürg Käser réfute cet argument dans l’interview de la NZZ. Des organisations terroristes telles qu’al-Qaida sont interdites en Suisse et là personne n’argumente contre, quand bien même il s’agit d’organisations plutôt floues. “De plus, tolérer ‘Lies’ donne l’impression que les actions menées sur des stands dans les centres-villes sont légales et honorables. C’est un problème”. Avec une interdiction, on donnerait publiquement un signal.

Procédures contre des personnes

Une interdiction présuppose toutefois que l’on définisse une fois ce genre d’organisations. Selon M. Käser, une interdiction ne violerait pas la liberté religieuse. Des membres de ces actions de distribution de Corans ont déclaré à plusieurs reprises qu’ils ne se conformeraient aux lois que si elles sont compatibles avec leur foi.

Le Ministère public de la Confédération (MPC) n’est toutefois pas inactif par rapport à la distribution de Corans gratuits: il a ouvert des procédures contre plusieurs personnes liées à ces opérations “Lise!”, en collaboration avec l’Allemagne. Aucune procédure n’est en revanche en cours contre des personnes juridiques telles que des associations ou des fondations, a précisé jeudi le MPC, interrogé par l’ats.

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