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Il y a 50 ans naissait la société Hiestand

Il y a 50 ans naissait la société Hiestand (archives). KEYSTONE/MARTIN RUETSCHI sda-ats

(Keystone-ATS) Il y a 50 ans, Fredy Hiestand ouvrait dans une ancienne blanchisserie du quartier zurichois de Wipkingen une boulangerie. En 30 ans, le roi du croissant fera de son entreprise fondée avec un capital de 5000 francs un des leaders mondiaux des produits de boulangerie.

Fils d’un petit paysan de l’Oberland zurichois, Alfred Hiestand apprend le métier de boulanger. Il rêve alors de fonder sa propre entreprise, mais les fonds propres nécessaires lui manquent. Ce n’est qu’après avoir pu économiser 5000 francs en tant que chauffeur de taxi qu’il parvient à 24 ans à devenir son propre patron.

Mais les débuts se révèlent bien difficiles, la boulangerie d’Alfred Hiestand générant un chiffre d’affaires quotidien d’à peine 200 francs. Pour se sauver d’une situation fort compromise, le boulanger commence à livrer du pain à des restaurants.

Son esprit de pionnier se révèle au début des années 70. En 1972 lors du Comptoir Suisse de Lausanne, Fredy Hiestand teste une installation capable de produire des croissants de manière rationnelle et selon une qualité constante.

Pré-fermentation

Risquée financièrement, la tentative, dont le coût se chiffre à 16’000 francs, sera cependant couronnée de succès. Certes à 1500 croissants par jour dans un premier temps, la production n’atteint pas les 2800 unités possibles en théorie. Mais le produit correspond aux attentes en termes de goût et de qualité.

En 1975, le Zurichois poursuit son oeuvre de pionnier et développe le premier pâton surgelé de croissant au beurre en Suisse. Si certains ne tardent pas à l’accuser de creuser la tombe des boulangers, la demande et le succès commercial suivent tout aussi rapidement.

Mais la véritable percée intervient douze ans plus tard, avec la pré-fermentation du pâton. La technique consiste à laisser fermenter le croissant avant la congélation, afin de pouvoir en terminer la cuisson plus tard en n’importe quel lieu. En 1988, Hiestand ouvre son site de production de Schlieren.

A partir de ce moment, la petite entreprise va rapidement changer de dimension. Alors qu’en 1987, elle affiche des ventes de 12 millions de francs, celles-ci vont s’envoler à 100 millions dix ans plus tard. En 1998, le groupe qui s’est installé à Lupfig (AG) et produit alors 250 millions de croissants, petits pains, viennoiseries et autres snacks en Allemagne, en Autriche, en Pologne et même en Malaisie, fait ses débuts à la Bourse suisse.

L’entrée en Bourse: une grosse erreur

Revenant l’été dernier dans diverses interviews sur cette opération, dont il avait été très fier à l’époque, Fredy Hiestand a estimé qu’il s’agissait là de sa plus grosse erreur. L’entrée en Bourse a profondément modifié la culture de l’entreprise, et la maximisation du profit prime. “Mais on y perd son esprit”.

En 2001, Fredy Hiestand prend pour la première fois un peu de recul, abandonnant la direction générale de sa société pour reprendre la présidence du conseil d’administration. Il se concentrera alors sur la production, la logistique ainsi que l’innovation.

Deux ans plus tard, le fondateur d’Hiestand, qui se sent de plus en plus sous pression, cède sa part de 22% au concurrent irlandais IAWS. Un véritable crève-coeur pour le Zurichois qui dit alors s’être senti “comme une mère à laquelle on prend son enfant”.

Mais, malgré une période difficile, Fredy Hiestand va rebondir. Alors que le groupe Hiestand veut se séparer de son site de Baden (AG), l’entrepreneur zurichois le rachète et fonde la boulangerie Fredy’s Backwaren.

Naissance d’Aryzta

L’entrée du groupe irlandais dans le capital d’Hiestand marque aussi le début de la coopération des deux concurrents et en 2015 IAWS étoffe ses parts à 32%. Trois ans plus tard, Hiestand passe en mains irlandaises et fusionne avec IAWS pour donner naissance à Aryzta.

Avec 8000 salariés et des ventes de 3,8 milliards de francs, le groupe basé à Zurich et dont le nom est tiré du terme latin arista désignant le point culminant d’un épi de blé, devient le numéro un mondial du secteur. Les deux sociétés se complètent parfaitement au niveau géographique.

Alors que IAWS est essentiellement actif en Amérique du Nord, au Royaume-Uni, en Irlande et en France, son partenaire argovien est présent en Suisse, en Allemagne, en Pologne, en Turquie, en Malaisie, au Japon et en Australie. Aryzta dispose alors de 23 sites de production dans 15 pays ainsi que de 111 sociétés de distribution.

Acuellement, Aryzta compte 57 unités de production sur les cinq continents, dont 22 en Europe. Le groupe, qui opère sous les marques Hiestand, Coup de pâtes, Cuisine de France, La Brea Bakery et Otis Spunkmeyer a dégagé sur l’exercice décalé 2015/2016 un bénéfice net de 311,5 millions d’euros (336,1 millions de francs), pour des ventes de 3,88 milliards.

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