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Immense succès public, les pontons de Christo en Italie vont fermer

Les pontons de Christo ont été arpentés par des milliers de visiteurs (archives). KEYSTONE/EPA ANSA/FILIPPO VENEZIA sda-ats

(Keystone-ATS) Les passerelles orange de Christo, sur le lac d’Iseo, ferment dimanche soir. Elles ont attiré plus d’un million de personnes, deux fois plus que prévu, dans ces montagnes verdoyantes d’ordinaire paisible du nord de l’Italie.

“Les gens viennent de partout pour marcher vers nulle part. Pas pour faire du shopping, pas pour rencontrer des amis. Ils ne font que marcher, vers nulle part”, s’est émerveillé cette semaine l’artiste américain d’origine bulgare.

Souvent pieds nus pour mieux ressentir le mouvement, venus en voisins et du monde entier, en fauteuil roulant ou tenant un chien en laisse, les visiteurs ont en effet afflué en masse pour cette expérience étrange promise par Christo: marcher sur l’eau.

Les trois kilomètres de “Floating Piers” (pontons flottants) recouverts d’un tissu jaune tournant à l’orange qui contraste avec le vert sombre du lac, rejoignent l’île de Monte Isola et celle, toute petite, de San Paolo.

Limiter les navettes

Les structures faites de 200’000 cubes de polyéthylène – entièrement recyclables – reliés entre eux par 200’000 vis géantes, ont ouvert le 18 juin. Elles ambitionnaient de voir défiler 25’000 personnes par jour en semaine et 40’000 le week-end, soit un demi-million en 16 jours.

Mais selon la préfecture, la moyenne s’est plutôt située autour de 100’000 par jour, avec des pics à 120’000 le week-end.

Il a souvent fallu limiter les navettes reliant les parkings et suspendre les trains au départ de Brescia, la principale ville la plus proche, au risque de bloquer des milliers de personnes à la gare pour éviter que les files s’allongent trop sur la rive.

Pleine chaleur

Et, alors que Christo promettait une expérience sensorielle unique de jour comme de nuit, la préfecture a ordonné au bout de quelques jours une fermeture de minuit à 6 heures, afin de permettre le nettoyage de Monte Isola et de faciliter la manutention des pontons.

Il a fallu aussi installer dès le 4e jour un poste médical avancé, pour traiter essentiellement les malaises liés à la foule et à l’attente en pleine chaleur. Au total, des dizaines d’interventions chaque jour, dont certaines ont nécessité une hospitalisation.

Face à ce déploiement de moyens, l’organisation de consommateurs Codacons a déposé une plainte auprès de l’organisme de contrôle des dépenses publiques de la région Lombardie (nord).

Frais non compris

Comme pour chaque oeuvre de Christo, qui avait emballé le Pont-Neuf à Paris ou le Reichstag à Berlin, la visite était gratuite. L’installation, qui a coûté 15 millions d’euros, a été financée par la vente de dessins et maquettes préparatoires.

Mais cela ne prend pas en compte le coût des opérations de nettoyage après l’afflux des touristes et les frais engagés pour assurer la sécurité du public.

Selon la Codacons, ces coûts risquent de dépasser largement les retombées économiques d’un projet que Christo, 81 ans, et son épouse Jeanne-Claude, décédée en 2009, avaient imaginé dès 1970 pour le delta du rio de la Plata en Argentine puis pour le Japon, avant de réussir à le mettre en oeuvre en Italie.

Pluie attendue

Pour la dernière journée dimanche, c’est cependant le ciel qui pourrait venir gâcher la fête: la pluie, qui a déjà plusieurs fois provoqué la fermeture temporaire des passerelles, pourrait faire des apparitions. Samedi cependant, le défilé massif s’est poursuivi sans encombre.

“Les visiteurs doivent être préparés à attendre longtemps et à la possibilité de ne pas pouvoir parvenir aux pontons”, ont prévenu les organisateurs sur leur site Facebook.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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