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Impasse en Italie, les populistes crient à la trahison

"La désignation du ministre de l'Economie constitue toujours un message immédiat de confiance ou d'alarme pour les opérateurs économiques et financiers", a expliqué Sergio Mattarella. KEYSTONE/AP ANSA/FABIO FRUSTACI sda-ats

(Keystone-ATS) En plein chaos politique, le président italien Sergio Mattarella s’apprête à désigner Carlo Cottarelli, incarnation de l’austérité budgétaire, pour diriger le pays vers de nouvelles élections. Dimanche, il a imposé veto à un gouvernement clairement eurosceptique.

Exit Giuseppe Conte, ce juriste novice en politique que les chefs du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème) Luigi Di Maio et de la Ligue (extrême droite), Matteo Salvini, majoritaires au Parlement, avaient proposé pour le poste de chef de gouvernement.

Ils l’avaient chargé de présenter dimanche au président l’équipe devant appliquer à la troisième économie de la zone euro un programme commun anti-austérité et sécuritaire âprement négocié.

M. Mattarella a expliqué avoir validé tous les noms sauf celui sur lequel les deux alliés refusaient de transiger pour le portefeuille de l’Economie et des Finances: Paolo Savona, 81 ans, un économiste d’expérience mais clairement eurosceptique, qui considère l’euro comme “une prison allemande”. Il évoque, dans un livre cité par la presse italienne, “un plan B pour sortir de l’euro si on y est contraint, de gré ou de force”.

Colère des anti-système

Le veto du président a déclenché la colère des partis antisystèmes : “Disons-le clairement qu’il est inutile d’aller voter, puisque les gouvernements ce sont les agences de notation, les lobbies financier et bancaire qui les font. Toujours les mêmes”, s’est insurgé M. Di Maio.

“L’Italie n’est pas un pays libre, c’est un pays occupé financièrement, pas militairement, par les Allemands, par les Français et par les bureaucrates de Bruxelles”, a rugi M. Salvini. Il a toutefois rejeté les appels à la destitution du président de la République lancés par Luigi Di Maio, déclarant qu’il voulait changer la loi électorale avec le M5S au parlement, où les deux partis ont la majorité.

Le président s’est lui s’expliqué devant la presse : “La désignation du ministre de l’Economie constitue toujours un message immédiat de confiance ou d’alarme pour les opérateurs économiques et financiers”.

Car vendredi, la Bourse de Milan avait terminé sur une nouvelle baisse de 1,54%, tandis que le spread, l’écart entre les taux d’emprunt à dix ans allemand et italien, avait atteint dans l’après-midi 217 points, son plus haut depuis décembre 2013.

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