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Incidents lors d’une manifestation contre une police universitaire

Près de 5000 personnes ont bravé l'interdiction de rassemblements de plus de cent personnes pour manifester contre la création d'une police universitaire. KEYSTONE/EPA/DIMITRIS TOSIDIS sda-ats

(Keystone-ATS) Des incidents ont eu lieu lors d’une manifestation de milliers d’étudiants mercredi devant le Parlement grec à Athènes. Celui-ci était en train de débattre un projet de loi controversé instaurant un corps spécial de police dans les universités.

Près de 5000 personnes, selon la police, ont bravé l’interdiction de rassemblements de plus de cent personnes, décrété par le gouvernement pour endiguer l’épidémie de coronavirus. La police a fait usage de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes pour disperser la foule devant le Parlement dans le centre d’Athènes. Au moins une vingtaine de personnes ont été interpellées, selon un journaliste de l’ADP.

Dans le défilé les étudiants et les universitaires brandissaient des panneaux dénonçant “l’autoritarisme” du gouvernement, et le “manque de concertation” avec la communauté universitaire avant de prendre une telle mesure. “Nous voulons des millions pour les universités et la recherche, et non pour créer un corps de policiers dans les facultés”, s’indignait un syndicaliste dans son mégaphone.

A Thessalonique, deuxième ville dans le nord, un millier d’étudiants ont manifesté, selon la police. De petits incidents ont éclaté quand un groupe de personnes a jeté un cocktail Molotov contre un bataillon de forces antiémeutes qui ont riposté en usant de gaz lacrymogènes.

Mesure “antidémocratique”

Elaboré par les ministères de la Protection des citoyens et de l’Education, le projet de loi qui doit être voté jeudi soir au Parlement prévoit un corps spécial constitué de quelques 1000 policiers pour assurer la sécurité dans les établissements d’enseignement supérieur qui sont souvent le théâtre de violences, selon le gouvernement. Mais pour le principal parti d’opposition de gauche Syriza, cette mesure est antidémocratique et supprime le statut d’autogestion des universités en vertu duquel la police n’est autorisée à intervenir qu’après une demande du rectorat.

La présence de la police dans les universités, traditionnellement très politisées, est un sujet délicat en Grèce depuis la répression dans le sang en novembre 1973 par l’armée et la police d’un mouvement estudiantin à l’Ecole Polytechnique d’Athènes contre la junte des colonels de l’époque.

La Grèce est sous confinement depuis le 7 novembre et à partir de jeudi des mesures plus strictes seront mises en place après une hausse récente du nombre de cas de coronavirus surtout à Athènes. Seuls les commerces essentiels resteront ouverts tandis que les écoles et les églises refermeront leurs portes au moins jusqu’au 28 février.

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