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Indépendantiste catalane en Suisse: “Je n’irai pas à mon procès”

Anna Gabriel, en octobre 2017 devant le Parlement catalan. KEYSTONE/EPA EFE/ALBERTO ESTEVEZ sda-ats

(Keystone-ATS) L’ex-députée indépendantiste catalane Anna Gabriel, actuellement en Suisse, refuse de se rendre à son procès mercredi à Madrid. Elle dénonce dans le journal Le Temps et au micro de la RTS une “persécution politique”.

Ex-députée du parti indépendantiste anticapitaliste Candidature d’unité populaire (CUP), Anna Gabriel risque jusqu’à 30 ans de prison pour avoir participé à l’organisation du référendum en Catalogne. Madrid l’accuse de rébellion, sédition et malversation de fonds.

“Comme je n’aurai pas un procès équitable chez moi, j’ai cherché un pays qui puisse protéger mes droits”, lit-on dans Le Temps de mardi. “Je suis poursuivie pour mon activité politique et la presse gouvernementale m’a déjà déclarée coupable.”

Anna Gabriel était convoquée mercredi par la Cour suprême à Madrid et risquait d’être placée en détention, comme quatre autres séparatistes incarcérés depuis plus de trois mois. Selon la justice, elle aurait appartenu à un “comité stratégique” chargé de mener la Catalogne vers l’indépendance.

“Il ne faut pas que j’aille devant le juge. Il faut que je sois là (en Suisse, ndlr) et en profite pour dénoncer”, a-t-elle aussi déclaré mardi au micro de la télévision RTS. L’ex-députée ne cache pas que le choix de rester en Suisse est difficile à faire. “Je n’avais pas envie de quitter ma famille, mon pays”.

Asile politique?

“Madrid pourrait demander mon extradition, poursuit Anna Gabriel sur la RTS. C’est la Suisse qui va décider ce qu’elle veut faire avec moi.” Mais une extradition serait illégale, il n’y a aucune base, estime-t-elle. C’est un cas de persécution politique. La justice espagnole n’est pas impartiale.

“Si je reste en Suisse, je vais essayer de reprendre la voie académique, de m’installer et travailler”, précise l’ancienne professeure de droit à l’Université autonome de Barcelone. Mais si la Suisse devait accepter une extradition, “je pourrais être emprisonnée dans l’attente” d’être renvoyée, rappelle Anna Gabriel. Auquel cas, elle déposerait une demande d’asile politique.

“Internationaliser” la cause catalane

Son parti a aussi précisé mardi que le choix de la Suisse permettrait d'”internationaliser” la cause catalane, en rapprochant Anna Gabriel des organisations internationales basées à Genève et du Conseil des droits de l’Homme.

Le ministre espagnol de la Justice Rafael Catala a pour sa part estimé que Mme Gabriel avait fait preuve d’une “irresponsabilité gravissime”.

L’ancienne élue n’est pas la première à quitter l’Espagne. Carles Puigdemont, l’ex-président de la Generalitat, a fui à Bruxelles avec quatre de ses ministres afin d’échapper à la justice. Un total de 28 personnes sont poursuivies en Espagne pour leur rôle dans le processus sécessionniste. Quatre, dont l’ancien vice-président catalan Oriol Junqueras, se trouvent en prison préventive depuis trois mois.

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