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Intégrer les jeunes réfugiés en leur permettant d’acquérir le bagage de la scolarité obligatoire

Aujourd'hui, seule la moitié des réfugiés obtiennent un emploi après 10 ans en Suisse (photo symbolique). KEYSTONE/TI-PRESS/GABRIELE PUTZU sda-ats

(Keystone-ATS) Chaque jeune réfugié doit pouvoir atteindre le niveau scolaire de la fin de l’école obligatoire jusqu’à ses 30 ans afin de réussir son intégration professionnelle. C’est l’avis de Caritas qui appelle les autorités à investir dans des filières de formation adaptées.

Fin 2017, environ 30’000 jeunes ou jeunes adultes réfugiés reconnus ou admis à titre provisoire vivaient en Suisse. Quelque 12’000 étaient encore requérants d’asile, rappelle l’oeuvre d’entraide catholique. Si ces personnes ne peuvent pas acquérir la formation élémentaire qui forme l’éducation de base de tous les enfants suisses, la plupart d’entre eux n’arriveront pas à vivre de manière autonome et indépendante.

Aujourd’hui, seule la moitié des réfugiés adultes valides a trouvé un emploi après 10 ans en Suisse. Pour les gens admis provisoirement, cette proportion n’atteint que le quart. Le salaire de la plupart des personnes concernées est faible.

Investir pour limiter l’aide sociale

“Lorsqu’on est allé à l’école pendant neuf ans, on a appris les coutumes, les usages de notre pays. On trouve ses repères dans les institutions suisses (…) et on a intégré les règles de base qui constituent la Suisse”, a expliqué mercredi Hugo Fasel, directeur de Caritas, aux médias réunis à Immensee (SZ), en présence de jeunes réfugiés. “C’est bien plus que simplement de savoir lire, écrire et calculer.”

Si l’on n’investit pas dans cette intégration, on fait augmenter les coûts de l’aide sociale, a souligné l’ancien conseiller national. Or, les premiers mois sont déterminants pour l’intégration en Suisse. Il faut donc évaluer, dans les 140 premiers jours de la procédure d’asile, les expériences et le potentiel des jeunes réfugiés, qui amènent des expériences scolaires et professionnelles très diverses.

Les personnes âgées de plus 16 ans ne peuvent plus suivre l’école obligatoire. Il est donc nécessaire d’offrir aux jeunes réfugiés les formations et l’éducation qui correspondent à leur potentiel, souligne Caritas.

Surveiller les efforts des cantons

L’Agenda Intégration décidé par la Confédération et les cantons est donc un jalon essentiel. Ce dernier vise à intégrer la moitié des réfugiés adultes dans le marché du travail au plus tard sept ans après leur arrivée en Suisse. Pour atteindre cet objectif, les cantons doivent mettre en place des mesures concrètes, créer et mettre en place des filières de formation adaptées.

Si le triplement du forfait d’intégration versé par la Confédération (18’000 francs pour chaque réfugié) aux cantons est une bonne chose, ces derniers ne doivent pas pour autant en profiter pour financer par ce biais les prestations qu’ils ont déjà mises en place, estime Caritas. Ce faisant, ils feraient des économies sur le dos de la Confédération et des réfugiés.

Sanctionner les cantons récalcitrants

Pour éviter que les cantons ne torpillent ainsi l’objectif consistant à améliorer les offres d’intégration, Caritas demande à la Confédération de lier le versement de moyens financiers aux cantons à des exigences de qualité. Lorsqu’un canton ne met pas en oeuvre les structures nécessaires, la berne fédérale doit pouvoir lui réduire sa contribution et proposer sa propre offre de formation.

L’organisation réclame aussi la mise en place d’un monitoring annuel qui donnerait, classement à la clef, des informations sur les cantons qui mettent en place rapidement et efficacement les mesures d’intégrations nécessaires. Cet objectif permettrait aussi d’introduire une “saine compétition entre les cantons”.

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