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Interdiction quasi générale des feux d’artifice le 1er Août en Suisse

(Keystone-ATS) Sauf exception, l’interdiction faite aux particuliers d’allumer des feux d’artifice le 1er Août sera la règle en Suisse. Pour profiter des spectacles pyrotechniques ce jour-là, il faudra se rabattre sur les feux officiels des communes.

Et encore, toutes ne sont pas logées à la même enseigne. Celles riveraines d’un lac sont les mieux loties. A l’image de Bienne, Spiez ou La Neuveville, dans le canton de Berne, qui ont reçu l’autorisation du préfet de tirer un feu d’artifice.

Chaque canton, voire chaque commune y va de son règlement. Mais les différences sont dans la nuance. D’une manière générale, les privés n’ont pas le droit d’allumer des feux d’artifice, aussi petits soient-ils. Ou alors, ils en ont l’autorisation sur des emplacements bien définis et en présence d’artificiers professionnels ou d’un dispositif de prévention et de pompiers.

La vente et l’achat de feux d’artifice ne sont pas interdits, mais leur utilisation est réglée de façon précise. Quant aux feux de plus grande ampleur avec retombée à distance, à savoir tout engin sol-air, fusées ou lanternes volantes, seules les personnes possédant la formation adéquate peuvent les utiliser.

Amende salée

Ceux qui ne se conformeraient pas aux prescriptions risquent non seulement de provoquer un incendie, mais ils risquent des poursuites pénales et une amende pouvant aller jusqu’à 50’000 francs. Même si les vannes célestes devaient s’ouvrir, ce qui n’est pas prévu d’ici au 1er août, cela ne suffirait pas à lever les mesures tant le sol est sec.

Cette sécheresse va provoquer un manque à gagner pour les entreprises spécialisées en pyrotechnie, à l’image de la Société suisse des explosifs (SSE) à Brigue (VS) qui a profité de ce marché de niche pour diversifier ses activités. Il y a deux ans, la SSE a racheté les activités pyrotechniques de la société bernoise Hamberger.

Ce marché de niche produit un chiffre d’affaires d’environ 4 millions de francs, dont la moitié provient de feux d’artifice, explique l’administrateur délégué Gilles de Preux. La seule Fête nationale représente un tiers du chiffre d’affaires de Hamberger Swiss Pyrotechnics. Gilles de Preux ne cache pas qu’une interdiction générale de faire des feux aurait comme conséquence un important manque à gagner.

Eviter l’accident

Actuellement, le travail principal est la mise en place. Il y a des contacts réguliers avec les communes clientes pour la préparation des feux. La priorité est la sécurité. Gilles de Preux admet que l’accident est la hantise de tout artificier. Et ces démarches sont d’autant plus importantes que tout se joue sur deux jours, le 31 juillet et le 1er août.

Pour un beau feu d’artifice, le budget évolue entre 40’000 et 70’000 francs, explique M. de Preux. Il peut même aller jusqu’à 100’000 francs et au-delà pour pour des grands feux comme ceux des fêtes de Genève par exemple. Le coût dépend de multiples facteurs comme la longueur du spectacle, sa complexité, l’adjonction de musique ou l’usage d’un plan d’eau.

Gros travail de préparation

Ces feux ne s’improvisent pas. Pour 3 à 4 minutes de spectacle, il faut compter jusqu’à une journée de travail. Et même davantage s’il faut y adjoindre de la musique ou prévoir des lancements depuis un radeau sur un lac, précise M. de Preux.

Cette partie du travail est exécutée par l’entreprise qui s’occupe aussi de définir la place de tir et d’obtenir les autorisations. Une fois la partition écrite, c’est-à-dire l’enchaînement des bombes, l’entreprise prépare les mortiers qui serviront à les tirer.

L’assemblage du spectacle pyrotechnique est réalisé par l’entreprise, mais pas sa fabrication. Les bombes sont importées, essentiellement de Chine.

Artificiers formés

Ces feux sont commandés par des communes ou des organisateurs de grandes manifestations. La présence d’un artificier est indispensable. C’est à lui que revient la tâche de placer les bombes dans les mortiers. Et seuls des artificiers ayant une formation spécifique et au bénéfice d’un permis peuvent lancer des feux de grande ampleur.

Hamberger travaille avec une centaine d’artificiers et crée environ 150 feux pour la fête nationale. Pour les feux les plus importants, la concurrence est limitée. Seules quatre ou cinq entreprises sont capables de les réaliser. La concurrence est en revanche beaucoup plus acharnée pour la création des feux des communes plus petites.

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