Des perspectives suisses en 10 langues

Japon: forte croissance au 2e trimestre, mais de nombreux nuages

Le Japon a affiché une solide croissance économique au 2e trimestre, mais l'impact des catastrophes naturelles pourrait noircir le tableau pour le reste de l'année (archives). KEYSTONE/AP/KOJI SASAHARA sda-ats

(Keystone-ATS) Le Japon peut se targuer d’avoir affiché une forte croissance au deuxième trimestre, mais cette embellie devrait être éphémère, préviennent les économistes qui citent l’impact des catastrophes naturelles estivales et les menaces protectionnistes américaines.

Le produit intérieur brut (PIB) a augmenté de 0,7% entre avril et juin par rapport aux trois mois précédents, contre une précédente estimation de 0,5%, selon des données publiées lundi par le gouvernement, un chiffre conforme aux attentes des analystes compilées par l’agence Bloomberg.

Cette statistique confirme la tendance positive de la troisième économie mondiale malgré un accident de parcours en début d’année.

L’activité s’était alors contractée pour la première fois en deux ans, une phase d’expansion inédite depuis la fin des années 1980, au temps de la bulle immobilière et financière.

Mais le Japon a retrouvé des couleurs sur la période d’avril à juin grâce à une amélioration de la consommation des ménages (+0,7%, donnée inchangée), tandis que les investissements des entreprises ont été bien plus dynamiques que calculé auparavant (+3,1%, au lieu de +1,3%).

En rythme annualisé, c’est-à-dire si l’évolution du deuxième trimestre se poursuivait sur une année entière, le PIB ressort en augmentation de 3% (à comparer à une estimation préliminaire de +1,9%).

Manque de bras

Pour l’archipel, qui tire traditionnellement sa force des exportations, c’est une bonne nouvelle. “La croissance a cette fois été portée par la demande intérieure”, note Takuji Okubo, économiste en chef de Japan Macro Advisors, interrogé par l’AFP, soulignant que le taux affiché est “clairement au-dessus du potentiel économique du Japon”.

“Les investissements réalisés pour compenser la pénurie de main-d’oeuvre sont un des facteurs” derrière le bond des dépenses des compagnies, dans un archipel en déclin démographique, précise-t-il, évoquant aussi “leurs bénéfices records et la faiblesse du yen qui avantage les sociétés exportatrices”.

“Malheureusement, la vigueur du deuxième trimestre s’annonce éphémère”, a prédit Capital Economics dans une note, dans un pays où les réformes engagées par le Premier ministre Shinzo Abe, dans le cadre de sa stratégie de relance “abenomics”, sont jugées insuffisantes par de nombreux observateurs.

“La croissance devrait ralentir à 1% cette année après une expansion de 1,7% en 2017”, ajoutent les analystes du cabinet d’études. “L’économie se heurte à des contraintes de capacité: le taux de chômage est au plus bas depuis le début des années 1990 et les entreprises font état de sévères pénuries”.

Désastres en série

A ces causes structurelles s’ajoutent l’impact des désastres naturels de cet été. “Les perturbations causées par les pluies diluviennes du mois de juillet, les typhons et le tremblement de terre” survenu la semaine dernière à Hokkaido (nord) sont aussi un élément négatif, relève Yuki Masujima, analyste de Bloomberg Economics.

Enfin, les tensions commerciales entre les Etats-Unis et leurs partenaires pourraient commencer à peser au troisième trimestre, d’autant plus que de récents propos de Donald Trump ont suggéré que le Japon pourrait être la prochaine cible de sa politique protectionniste.

L’instauration de tarifs douaniers sur les importations d’automobiles “nuirait définitivement à l’économie nippone”, commente M. Okubo, au vu du poids du secteur au Japon qui comprend de nombreux constructeurs d’envergure mondiale comme Toyota, Nissan, Honda ou encore Mazda.

“Une guerre commerciale potentielle entre le Japon et les Etats-Unis est un motif d’inquiétude pour les exportateurs, mais ils se veulent plutôt optimistes pour le moment”, ajoute l’expert. “Ils pensent qu’attaquer le Japon”, très proche allié de Washington, “ne fait pas partie des premières priorités de Trump”, davantage occupé pour l’instant à multiplier tarifs douaniers et menaces contre la Chine.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision