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Jeremy Corbyn pour une nouvelle union douanière avec l’UE

Le Brexit, a déclaré Jeremy Corbyn, ne doit pas affaiblir le Royaume-Uni. KEYSTONE/AP/GEERT VANDEN WIJNGAERT sda-ats

(Keystone-ATS) Jeremy Corbyn, le dirigeant du Parti travailliste britannique, a estimé lundi que le Royaume-Uni devait négocier un nouvel accord d’union douanière avec l’Union européenne afin de préserver un commerce sans entrave après le Brexit.

“Le Labour chercherait à négocier une nouvelle union douanière globale entre le Royaume-Uni et l’UE pour faire en sorte qu’il n’y ait pas de droits de douane avec l’Europe et pour contribuer à éviter le retour d’une frontière ‘dure’ en Irlande du Nord”, a déclaré le chef de file de l’opposition. Il s’exprimait lors d’un discours prononcé à Coventry, dans le centre de l’Angleterre.

La Première ministre conservatrice Theresa May a exclu toute forme d’union douanière avec l’Union européenne une fois le Brexit effectif, estimant que cela empêcherait le Royaume-Uni de négocier ses propres accords commerciaux avec des puissances comme l’Inde ou la Chine. “Nous voulons avoir la liberté de signer nos propres accords commerciaux et de tendre la main au monde”, a réaffirmé son porte-parole au moment où M. Corbyn s’exprimait à Coventry.

Ne pas affaiblir le pays

Le Brexit, a encore déclaré Jeremy Corbyn, ne doit pas affaiblir le Royaume-Uni et il faut négocier le meilleur accord possible pour l’emploi et l’économie.

Le Parti travailliste, a-t-il expliqué, respecte le résultat du référendum du 23 juin 2016 par lequel les Britanniques se sont prononcés pour une sortie de l’Union européenne. Mais, a-t-il ajouté, sans plan ou protection adéquats, le Brexit risque de provoquer un choc pour l’économie britannique.

“Chaque pays géographiquement proche de l’UE sans être membre de l’UE – qu’il s’agisse de la Turquie, de la Suisse ou de la Norvège – entretient des relations étroites avec l’UE”, a argumenté M. Corbyn. “Le Royaume-Uni aura besoin de sa propre relation sur mesure.”

Or, a-t-il affirmé, vingt mois après le référendum, les Britanniques ignorent toujours quels sont les projets du gouvernement conservateur de Theresa May.

“Solution réaliste”

Keir Starmer, chargé de la question du Brexit au sein du Labour, avait annoncé dès dimanche que les travaillistes, s’ils accédaient au pouvoir, engageraient des négociations en vue d’une nouvelle union douanière avec les Européens.

Selon lui, l’union douanière évoquée par Jeremy Corbyn fonctionnerait comme l’union douanière actuelle. Mais pour le ministre des Affaires étrangères Boris Johnson Jeremy Corbyn “se berce d’illusions” et son plan “ferait du Royaume-Uni une colonie de l’UE”.

Les syndicats et le patronat britannique (CBI) ont au contraire accueilli avec satisfaction la proposition d’union douanière du chef du Labour. Selon le CBI, “c’est une solution réaliste réclamée par des milliers d’entreprises de toutes tailles et dans tous les secteurs à travers le Royaume-Uni”.

May pourrait être fragilisée

Plus de 80 personnalités travaillistes, dont de nombreux parlementaires, avaient appelé dimanche Jeremy Corbyn à s’engager pour le maintien de leur pays dans le marché unique européen, qui permet la libre circulation des biens, des personnes, des capitaux et des services.

Cette clarification est de nature à fragiliser davantage Theresa May, qui est sous la menace d’une rébellion au sein du Parti conservateur en raison de sa position sur ce sujet. La Première ministre présidera jeudi une réunion extraordinaire de son gouvernement. Elle doit prononcer vendredi un nouveau discours pour préciser sa vision sur le Brexit.

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