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Johann Schneider-Ammann facilite le recours au chômage partiel

(Keystone-ATS) Le recours au chômage partiel sera facilité pour répondre aux conséquences du franc fort. Johann Schneider-Ammann a chargé mardi le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) à autoriser le versement d’une indemnité en cas de réduction de l’horaire de travail motivée par des variations de change. Son idée récolte des réactions mitigées.

But de l’opération: éviter les licenciements. Le ministre de l’économie avait déjà évoqué cette mesure mercredi dernier en faisant le point sur les mesures à prendre après que la Banque nationale suisse (BNS) a supprimé le taux plancher de l’euro.

Situation extraordinaire

Le renforcement du franc qui a suivi est “extraordinaire par son ampleur et sa portée”. Il peut donc être considéré comme ne faisant pas partie des risques normaux d’exploitation, souligne le département de M. Schneider-Ammann.

Les organes d’exécution de l’assurance chômage prendront désormais en considération les pertes de travail dues à des variations de change. Du moment que les autres conditions sont remplies, les demandes de versement de l’indemnité en cas de réduction de l’horaire de travail seront acceptées.

Selon la loi sur l’assurance chômage, une perte de travail due à des facteurs d’ordre économique et vraisemblablement temporaire peut être prise en considération pour le versement d’une indemnité de chomâge partiel. Le travailleur reçoit alors 80% de son salaire.

Pas de financement supplémentaire

La Suisse avait déjà recouru à cet instrument pour faire face à la crise financière de 2008. Avec succès, selon le Département fédéral de l’économie. Contrairement à 2011, aucun financement supplémentaire n’a été décidé, pas plus qu’une prolongation de la période maximale d’attribution de 12 à 18 mois, a précisé son porte-parole.

A l’époque, l’assurance chômage avait touché, avec 500 millions de francs, la majeure partie de 870 millions libérés, au titre de la lutte contre les effets du franc fort.

Johann Schneider-Ammann estime qu’il est encore trop tôt pour parler de plan de relance après l’abandon du taux plancher. Il a créé la polémique après des propos ambigus sur une éventuelle baisse des salaires.

Réactions mitigées

Le recours au chômage partiel pour répondre aux conséquences du franc fort ne fait pas l’unanimité. Si la Fédération des entreprises suisses, economiesuisse, et l’Union suisse des arts et métiers, usam, saluent la mesure, les organisations syndicales se montrent plus partagées. Travail.Suisse juge l’instrument utile alors que l’Union syndicale suisse (USS) s’en distancie.

Travail.Suisse considère que la mesure permet d’éviter une désinstrualisation complètement injustifiée de la Suisse. Le chômage partiel est l’instrument correct pour soutenir les secteurs en situation de crise, a indiqué mardi l’organisation syndicale dans un communiqué.

Les fluctuations monétaires momentanées mettent en difficulté les sociétés qui font face à la concurrence mondiale. Des postes qui auraient pu être assurés sur le long terme se trouvent alors menacés, explique Martin Flügel, président de Travail.Suisse. L’instrument accorde aux entreprises plus de temps pour s’adapter à la nouvelle donne ce qui est bénéfique, précise le syndicat.

L’USS se montre plus critique. La décision de faciliter le recours au chômage partiel est une “politique du pansement”, a confié à l’ats l’organisation syndicale. Le problème de l’abandon du taux plancher ne sera pas résolu.

Patrons soulagés

Economiesuisse salue une décision qui permet de sauver des emplois. L’instrument a déjà fait ses preuves en 2011. Il permet de maintenir les compétences et savoir-faire au sein des entreprises, ce qui leur assure une continuité en cas d’arrêt d’activité, a déclaré Cristina Gaggini, directrice romande d’economiesuisse.

L’usam se dit soulagée. L’instrument permet de rendre les conditions d’accès au chômage partiel plus flexibles, a expliqué Hans-Ulrich Bigler, directeur de l’organisation patronale.

Pas de recours massif

La Fédération des entreprises suisses ne pense pas que beaucoup d’entreprises vont faire appel à l’instrument. A plus long terme, cela va notamment dépendre de la demande en zone euro”, souligne Cristina Gaggini.

L’évolution de la situation est difficilement prévisible, poursuit l’usam. Pour l’heure, les carnets de commandes des PME sont remplis.

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