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Jouer à Tetris pour éviter le traumatisme d’une césarienne

Environ 15% des femmes subissent une césarienne en urgence lors de la naissance de leur enfant (image symbolique). KEYSTONE/GAETAN BALLY sda-ats

(Keystone-ATS) Jouer à Tetris peut diminuer les symptômes de stress post-traumatique chez les femmes ayant subi une césarienne en urgence. Selon des chercheurs du CHUV, s’adonner à ce jeu vidéo pendant 15 minutes, au cours des six heures suivant l’opération, atténue les troubles.

Les mères qui ont joué à Tetris présentent “moins de souvenirs intrusifs” liés à leur accouchement dans la première semaine, comparé à celles qui n’ont pas été diverties de cette manière, constate Antje Horsch, psychologue et responsable de recherche au Département femme-mère-enfant du CHUV à Lausanne.

Chez ces dernières, les flash-back ou les cauchemars, où elles revivent l’événement, sont plus fréquents. La patiente revoit par exemple le visage du médecin annonçant qu’elle doit subir une césarienne d’urgence, illustre Antje Horsch dans son étude publiée dans la revue “Behaviour Research and Therapy”.

Effets à long terme

Chaque année, environ 15% des femmes subissent une césarienne en urgence. Même si l’enfant est né sain et sauf, un tiers des mères développent un syndrome de stress post-traumatique durant le mois qui suit la naissance, car elle ou son bébé ont été menacés d’un réel danger de mort, poursuit Antje Horsch.

De telles images “intrusives et traumatiques” ne sont pas seulement éprouvantes pour la mère et son partenaire. Elles peuvent également affecter négativement le lien d’attachement entre la mère et son bébé, augmenter le stress parental et compromettre le développement futur de l’enfant.

Pour réduire ces souvenirs traumatisants, Antje Horsch s’est basée sur “la science cognitive de la mémoire émotionnelle”, en utilisant le jeu vidéo. “Notre hypothèse était, qu’après un accouchement traumatique, les mères auraient moins de souvenirs intrusifs si elles avaient, en salle de réveil de la maternité, joué à Tetris qui est un jeu visuo-spatial exigeant”, explique-t-elle.

La tâche cognitive empêche ces souvenirs de s’établir. Le divertissement perturbe le processus mémoriel, plus précisément elle empêche la mémoire de se “consolider”, note Antje Horsch, citée dans un communiqué publié mercredi par le CHUV.

Elargir l’expérience

Pour sa recherche, la psychologue a collaboré avec des chercheurs de l’Institut Karolinska (Suède), ainsi que des universités d’Oxford et de Cambridge (Royaume-Uni). Cinquante-six mères ayant subi une césarienne en urgence ont participé à son étude.

La moitié a reçu les soins habituels et a pu jouer à Tetris, tandis que l’autre moitié a reçu uniquement les soins habituels. Résultat, les premières souffrent moins de souvenirs intrusifs ou de “symptômes de réviviscence” après une semaine, mais aussi après un mois.

Cette recherche est une première étape. Antje Horsch a reçu une bourse de recherche du Fonds national suisse (FNS) afin de mener une étude plus approfondie sur les bénéfices à long terme de cette expérience sur la relation mère-enfant.

Mais cette méthode prometteuse pourrait aussi être utilisée pour d’autres traumatismes, comme après une chirurgie cardiaque. Le principe du jeu est de placer des formes cubiques au bon endroit et de les assembler pour créer des lignes complètes, sans jamais atteindre le haut de l’écran.

Ce jeu ne nécessite donc pas de langage particulier et semble inoffensif. De plus, il a l’avantage de ne pas entraver les soins, résume Antje Horsch dans son article.

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