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Journée de réflexion en Grèce pour un peuple partagé

(Keystone-ATS) Les Grecs tiraillés entre fatigue de la rigueur et attachement à l’Europe se préparent à un référendum crucial dimanche. Son résultat est imprévisible et sera lourd de conséquences pour leur avenir dans la zone euro et la survie du gouvernement de gauche radicale.

La campagne pour le vote de dimanche, aussi brève qu’exaltée chez les partisans du oui et du non au coude à coude dans les sondages, a laissé place à l’attente samedi, quelques heures après les mobilisations massives de chaque camp dans le centre d’Athènes.

L’économie est au ralenti depuis la fermeture des banques lundi et l’imposition d’un strict contrôle des capitaux, prévu jusqu’au surlendemain du référendum. Le gouvernement du premier ministre Alexis Tsipras tente de couvrir les voix qui s’inquiètent du risque de prolongement de ces dispositions inédites, ou d’une escalade des restrictions.

Le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis s’est fendu dans la nuit de vendredi à samedi d’un tweet, appuyé par un communiqué du ministère, dénonçant la “rumeur malveillante” d’un article du Financial Times: selon le quotidien britannique, les épargnants grecs riches de plus de 8000 euros en banque pourraient se voir prélever 30% de leurs dépôts pour renflouer les banques du pays.

“Terrorisme”

Peu porté sur l’euphémisme, le ministre a accusé samedi les créanciers UE et FMI du pays de “terrorisme”, d’avoir contraint le gouvernement grec à fermer les banques et de vouloir “humilier les Grecs”. Il s’exprimait dans un entretien au quotidien espagnol El Mundo.

Il a en outre déclaré à un journal allemand s’attendre à parvenir à un accord avec les créanciers de son pays lundi, quel que soit le résultat du référendum de dimanche.

Vendredi soir, M. Varoufakis était tout sourire parmi plus de 25’000 partisans du “Oxi” (non) au référendum, massés devant le parlement pour entendre Alexis Tsipras tenter de galvaniser une dernière fois ses compatriotes. Il les a appelés à rejeter les mesures d’austérité des créanciers pour “vivre avec dignité en Europe”.

Sondages très serrés

Les supporteurs du “Nai” (oui) étaient presque aussi nombreux, selon la police. Ils étaient rassemblés de l’autre côté du parlement, devant le stade de marbre des Jeux Olympiques de 1896, noyés sous les drapeaux grecs et les bannières bleues à étoiles de l’Union Européenne.

Dans les intentions de vote, ces derniers sont donnés gagnants d’une courte tête: sur les quatre ultimes sondages publiés, trois donnent l’avantage au oui avec une faible avance de 0,4 à 0,6 point, alors qu’un sondage place le non en tête de 0,5 points. Le pourcentage d’indécis reste élevé, à l’image des tiraillements de la société grecque face au choix qui porte autant sur l’avenir des relations du pays avec la zone euro que sur la stabilité du gouvernement.

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