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Journalistes tessinois acquittés: revers pour une clinique privée

Le directeur du "Caffè della domenica" Lillo Alaimo (au centre) avec le journaliste Libero d'Agostino (à gauche) et Ruben Rossello, président de l'Association tessinoise des journalistes. KEYSTONE/TI-PRESS/SAMUEL GOLAY sda-ats

(Keystone-ATS) Quatre journalistes de l’hebdomadaire tessinois “Il Caffé” ont été acquittés vendredi d’accusations de diffamation et de concurrence déloyale. Ils avaient publié en 2016 une série d’articles sur une faute professionnelle d’un médecin d’une clinique privée luganaise.

L’histoire relayée par le média remonte à 2014. Un chirurgien avait alors amputé par erreur les deux seins d’une patiente de 67 ans atteinte d’une tumeur mammaire. Son autorisation de pratiquer lui avait été retirée. Affirmant au départ que l’ablation totale avait été nécessaire, le médecin avait avoué des mois après qu’il s’était trompé de patiente.

Mais cette erreur n’était pas au coeur des discussions. Le procès portait plutôt sur les dommages causés à la clinique. Alors que seul le chirurgien (externe) avait été mis en cause par les autorités, le journal avait à plusieurs reprises soulevé la question de la responsabilité de l’établissement.

Ce dernier, la clinique Sant’Anna, faisant partie du réseau GSMN (Genolier-Swiss-Medical-Network) détenu par le groupe Aevis Victoria, demandait une indemnisation importante. Elle accusait les journalistes d’avoir des griefs contre les cliniques privées et d’avoir volontairement nui à ses clients.

Le Ministère public du Tessin avait condamné par ordonnance pénale en février 2017 le directeur du journal pour concurrence déloyale et diffamation répétée, les trois journalistes uniquement pour diffamation répétée.

Pas de concurrence déloyale

Le quatuor a fait recours et le juge Siro Quadri du Tribunal pénal de Bellinzone leur a donné raison vendredi. “Les journalistes n’ont pas exagéré les faits, ils ont tiré des conclusions à partir des informations disponibles”, a-t-il dit.

Selon le magistrat, on ne saurait parler de diffamation: à l’époque de la publication des articles, certains éléments – comme un rapport de la commission de surveillance sanitaire – “laissaient entendre qu’effectivement quelque chose ne s’était pas passé comme prévu”.

La clinique a également été déboutée de son accusation de concurrence déloyale à l’encontre du directeur de l’hebdomadaire dominical. “Si nous utilisons cet article de loi pour la presse, nous ne nous en sortirons plus”, a estimé l’homme de loi.

Citant encore un jugement “emblématique” de la Cour européenne des droits de l’homme, le juge a évoqué le rôle de “chien de garde” de la presse pour la démocratie. “Le fait que dans une clinique suisse à l’heure actuelle une patiente puisse être confondue est grave, pour ne pas dire grotesque”, a souligné le juge.

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