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Juncker répète son credo dans les Balkans

Jean-Claude Juncker prend son bâton de pèlerin pour convaincre les Balkans (archives) KEYSTONE/AP/BORIS GRDANOSKI sda-ats

(Keystone-ATS) Ils sont six pays des Balkans à aspirer à rejoindre l’UE, mais Bruxelles les a prévenus que la route restait longue. Jean-Claude Juncker a entamé dimanche une tournée qui le mènera en Macédoine, en Albanie, en Serbie, au Monténégro, au Kosovo et en Bosnie-Herzégovine.

Le président de la Commission européenne y répétera la stratégie pour la région dévoilée début février: “La porte de l’Union européenne est ouverte à de nouvelles accessions quand, et seulement quand chaque pays aura rempli les critères”, avait-il martelé.

Des critères qui répondent au “besoin de réformes fondamentales” en terme d’Etat de droit et de lutte contre la corruption, ainsi que l’établissement de “bonnes relations de voisinage”. Les litiges frontaliers restent légion, héritage de l’explosion sanglante de l’ex-Yougoslavie dans les années 1990.

Les habitants des Balkans considèrent souvent l’UE comme une promesse d’une prospérité qui leur est inconnue. Rien qu’en 2018, selon la Commission européenne, quelque 1,07 milliard d’euros sont prévus au titre de l’aide à la pré-accession, somme qui s’ajoute aux 9 milliards déjà versés entre 2007 et 2017.

Serbie en pole position

Mais la Commission européenne prévient: l’adhésion ne se limite pas à un projet économique. Avec le Monténégro, la Serbie, le plus grand des pays des Balkans occidentaux, semble la plus avancée avec des négociations ouvertes et même une date possible d’accession envisagée en 2025. Le président de centre droit Aleksandar Vucic voit dans cette date une source de “motivation pour ses citoyens”.

Mais il a prévenu les Serbes, dont beaucoup restent attachés à l’alliance historique avec Moscou, qu’il faudrait “prendre des décisions difficiles” sur le Kosovo, dont Belgrade ne reconnaît toujours pas l’indépendance.

Au Monténégro, le Mouvement Européen, un groupe de pression pro-UE, a jugé “décourageant” que Bruxelles considère 2025 comme une perspective “extrêmement ambitieuse”. Et encore, M. Juncker a dit qu’il ne s’agissait que d’une “date indicative, une date d’encouragement”.

Progrès en Albanie

L’échéance est plus nébuleuse encore pour la Macédoine, l’Albanie, le Kosovo et la Bosnie-Herzégovine.

Candidat depuis 2014, Tirana espère ouvrir les négociations cette année encore. Le premier ministre socialiste Edi Rama affirme vouloir “progresser rapidement et, pourquoi pas, rejoindre l’UE en même temps” que la Serbie. A ses yeux, l’UE est le meilleur moyen de mettre un terme aux interminables tensions dans les Balkans.

“La balle est dans notre camp”, prévient l’analyste albanais Lutfi Dervishi, se référant à la lutte contre le crime organisé et la corruption.

“Salle d’attente”

Quant à la Macédoine, elle devra résoudre le différend sur son nom qui l’oppose depuis 25 ans à la Grèce, pour espérer lever le veto d’Athènes. Les discussions semblent progresser. Le premier ministre social-démocrate Zoran Zaev veut croire que son pays “est sur la bonne voie” et a bon espoir de “rattraper la Serbie et le Monténégro”. Mais le ministre macédonien des affaires étrangères, Nikola Dimitrov, a récemment évoqué le sentiment désagréable de ses concitoyens de se sentir “coincés dans la salle d’attente”.

A Pristina et à Sarajevo, on n’y est pas même entré. Le chef des musulmans bosniaques, Bakir Izetbegovic, s’est dit convaincu de pouvoir “rejoindre ceux qui nous devancent actuellement sur la voie de l’UE”. Mais le pays est handicapé par un leadership divisé, entre Bosniaques, Croates et Serbes.

Très pro-occidentaux, les Kosovars attendent la libéralisation des visas par l’UE, seuls dans la région à ne pas en bénéficier. La presse y a relevé des formules de la Commission européenne jugées peu encourageantes, comme quand elle explique que le Kosovo avancera “sur son chemin européen quand les circonstances objectives le permettront”.

Le président Hashim Thaçi a regretté “l’absence de position unique” des pays membres de l’UE, dont cinq ne reconnaissent pas le Kosovo. “Mais notre pays ne sombrera pas dans le désespoir”, a-t-il déclaré.

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