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L’aide humanitaire toujours bloquée en Syrie, dénonce de Mistura

(Keystone-ATS) L’émissaire des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, a déploré jeudi que l’aide humanitaire ne parvienne toujours qu’au compte-gouttes aux villes assiégées. Il a appelé le groupe de contact sur la Syrie à “se réveiller”.

L’ONU espérait que l’accord de “cessation des hostilités” partielle conclu en février permettrait une amélioration de la situation humanitaire en Syrie, démontrant ainsi son utilité. Mais alors que les combats reprennent un peu partout, les convois d’aide atteignent de moins en moins les populations qui en ont le plus besoin.

S’adressant aux médias à l’issue d’une réunion à Genève du groupe de travail sur l’accès humanitaire, coprésidé par les Etats-Unis et la Russie, M. de Mistura a dit “ne pas pouvoir nier que tout le monde est déçu, en fait beaucoup d’entre eux sont frustrés par le manque de nouveaux convois atteignant les régions assiégées”.

“Jusqu’à présent, nous n’avons pas pu atteindre Douma, Daraya et Harasta. Nous devons en faire plus pour Mouadamiyat (banlieue de Damas, ndlr), Zabadani, Kefraya et Foua”, a-t-il dit.

Moins de 1% de la population

Selon un document du comité coordonnant les opérations humanitaires de l’ONU, seules quatre opérations ont pu être organisées depuis le début du mois d’avril, ce qui n’a permis de fournir une assistance qu’à 0,8% de l’ensemble des populations civiles assiégées. En mars, 19 opérations avaient bénéficié à 21% de la population assiégée.

Staffan de Mistura a particulièrement déploré que l’ONU n’ait toujours pas accès à plusieurs quartiers de la périphérie de Damas encerclés par les forces gouvernementales.

Le diplomate italo-suédois a annoncé que le Programme alimentaire mondial (PAM) a réussi jusqu’ici à effectuer trois largages d’aide alimentaire (dont le dernier ce jeudi) dans la ville de Deir Ezzor, où vivent plus de 200’000 personnes encerclées par les jihadistes de l’Etat islamique (EI).

Aide médicale

“Les prochains largages devraient également inclure de l’aide médicale”, a-t-il précisé. Il a également expliqué qu’il avait réussi à obtenir, lors de sa dernière visite à Damas cette semaine, “la promesse” que le régime allait autoriser les humanitaires à distribuer de l’aide médicale, avec quelques exceptions: instruments et autres objets chirurgicaux, l’atropine (produit utilisé en cas d’attaque chimique) et médicaments contre l’anxiété.

Seront en revanche autorisés tous les autres médicaments et aide médicale ainsi que tout ce qui peut servir à pratiquer une césarienne, a-t-il assuré.

Le diplomate suédois a souligné que cette évolution devait résonner comme une “sonnette d’alarme pour qu’on ne se contente pas d’assister passivement à des réunions pendant lesquelles on établit le constat qu’il n’y a pas d’amélioration.”

“Il faut des améliorations”, a-t-il insisté à la veille d’un rendez-vous avec la délégation du gouvernement de Bachar al Assad, attendue vendredi à Genève pour la poursuite des discussions de paix avec l’opposition.

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