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L’allié bavarois de Merkel souhaite moins de réfugiés

(Keystone-ATS) L’allié bavarois de la chancelière allemande Angela Merkel lui a de nouveau demandé de limiter le nombre de réfugiés accueillis par le pays. Par ailleurs, plus de 5000 migrants ont traversé la frontière gréco-macédonienne vendredi.

“Nous voulons du contrôle, nous voulons de l’ordre, mais nous voulons aussi une limite. Et ce, au nom des intérêts nationaux”, a déclaré le ministre-président de Bavière, Horst Seehofer, lors du congrès des conservateurs bavarois (CSU) dont il est le patron.

“J’espère que nous parviendrons à nous entendre”, a-t-il lancé sous les applaudissements à la chancelière, qui l’écoutait en silence à quelques mètres, debout, visage fermé.

Offrant une scène très inhabituelle pour un congrès de la CSU, qui réserve d’ordinaire un accueil chaleureux à la dirigeante conservatrice, M. Seehofer a insisté pour aborder ce sujet “en plus de toutes les autres questions d’humanité et d’intégration”.

Refus de tout plafond

Alors que l’Allemagne attend 800’000 à un million de demandeurs d’asile cette année, cette “tâche historique” ne saurait “rencontrer durablement le soutien de la population” si le pays ne se fixe aucune “limite supérieure”, a martelé le chef de la CSU.

L’exigence de la Bavière, Etat-région du sud de l’Allemagne par lequel transitent l’immense majorité des migrants, n’a rien de nouveau. Mais elle résiste pour l’heure à toutes les négociations intervenues au sein de la coalition au pouvoir.

Prenant la parole avant Horst Seehofer, Angela Merkel a de nouveau refusé vendredi tout “plafond national fixé unilatéralement” pour l’accueil de demandeurs d’asile, maintenant le cap suivi depuis deux mois.

Solution internationale

La chancelière, qui affronte sa plus grave crise politique interne en dix ans de pouvoir, entend elle aussi “réduire le nombre de réfugiés”, mais au moyen d’une “solution internationale et européenne” conforme “aux intérêts de tous”.

Elle défend pour cela l’idée d’un accord avec la Turquie, consistant à établir un contingent global de migrants accueillis légalement dans l’UE, puis à les répartir entre chaque Etat membre selon un système de quotas.

Cette position a d’ailleurs reçu le soutien vendredi de deux de ses principaux ministres sociaux-démocrates, le vice-chancelier Sigmar Gabriel et le ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, dans une tribune au Spiegel.

Filtrage à la frontière

Sur un autre front, plus de 5000 migrants -Syriens, Afghans et Irakiens- ont pu traverser la frontière gréco-macédonienne vendredi. En revanche, un millier d’autres de nationalités différentes restaient bloqués côté grec après le filtrage mis en place par Skopje et Belgrade, a indiqué une source policière grecque.

Un millier de migrants, surtout des jeunes marocains, pakistanais, bangladeshis, iraniens ou algériens se sont vu refuser pour le moment le passage vers la Macédoine. Certains d’entre eux ont protesté à Eidomeni en brandissant des pancartes indiquant “Liberté”, “Non au racisme”.

Situation “intenable”

Le Haut commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR), le Fonds de l’ONU pour l’enfance (UNICEF) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) ont pour leur part dénoncé les nouvelles restrictions imposées ces derniers jours aux frontières entre la Grèce et les Balkans. Celles-ci provoquent une situation de plus en plus “intenable” pour les migrants, selon elles.

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