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L’ampleur du “non” à l’initiative des Vert’libéraux a surpris

(Keystone-ATS) Même s’il était attendu, l’ampleur du “non” à l’initiative des Vert’libéraux a surpris. Très déçus par les résultats, ces derniers attendent à présent les propositions des autres partis. Afin d’éviter pareil échec, PS, Vert, PDC et PLR veulent miser sur des taxes incitatives. Mais pas excessives, avertissent les milieux économiques.

Les résultats de la votation sont “une énorme déception” pour Martin Bäumle, président des Vert’libéraux. Avant les votations, il avait déclaré qu’un résultat en deçà de 20% serait une défaite. Le “oui” ne se monte qu’à 8%. Supprimer la TVA au profit d’une taxe sur l’énergie était un projet trop radical pour la population suisse, reconnaît le conseiller national zurichois.

Mensonge et franc fort

Pour Laurent Seydoux, vice-président du parti, le texte a été victime de la suppression du taux plancher et du “mensonge d’Eveline Widmer-Schlumpf sur l’augmentation de l’essence à 5 francs”; “ça a inquiété les gens”, estime-t-il.

Il ne pense toutefois pas que cette large défaite aura un effet trop négatif sur les résultats de son parti lors des fédérales cet automne. “On a montré qu’on peut aller jusqu’au bout de nos idées. Nous avons gagné en crédibilité par rapport aux enjeux climatiques”, estime-t-il. Et il attend désormais les propositions des autres partis pour mettre en oeuvre une fiscalité écologique.

Avertissement

“Il ne faut pas considérer le vote d’aujourd’hui comme un refus total de tout changement”, remarque Adèle Thorens, coprésidente des Verts. Il ne s’agit que d’une étape. “Le débat va se poursuivre et on va finir par mettre en place une fiscalité écologique.”

Mais le résultat “sonne comme un avertissement pour Eveline Widmer-Schlumpf”, réagit le conseiller national Jacques-André Maire (PS/NE), qui redoute que le texte des Vert’libéraux ne prétérite les projets suivants.

Tous les partis, à l’exception de l’UDC, estiment qu’il reste possible d’obtenir le soutien du peuple pour une taxe sur l’énergie. Le salut passerait par une taxe incitative. “Plutôt que punir et obliger, il vaut mieux inciter et favoriser les initiatives qui promeuvent les énergies propres”, a relevé Hugues Hiltpold, conseiller national (PLR/GE).

La gifle de dimanche à l’initiative sur une taxe sur l’énergie ne décourage pas pour autant Eveline Widmer-Schlumpf. Selon la ministre des finances, ce “non” ne marque pas le refus de toute réforme de la taxation. Le gouvernement présentera son projet dans les prochaines semaines.

Texte du PDC plombé par l’insécurité

Dans l’autre objet de votation du jour, la crainte de devoir compenser un manque de recettes fiscales, l’insécurité liée au franc fort, le mécanisme favorisant les revenus élevés ont été les multiples motifs qui ont plombé l’initiative du PDC visant à exonérer les allocations familiales de l’impôt. Les partis avancent d’autres remèdes pour aider les foyers.

Le sentiment d’instabilité a contribué à pousser les Suisses à glisser un “non” dans l’urne, analyse Lucrezia Meier-Schatz. La conseillère nationale (PDC/SG) évoque un “effet franc fort”.

Pirmin Bischof, conseiller aux Etats (PDC/SO), déplore l’isolement de son parti, “attaqué à gauche et à droite”. Parmi les autres formations, seul l’UDC avait appelé à accepter le texte, mais une dizaine de ses sections cantonales avaient prôné le “non”.

L’épouvantail des pertes fiscales a également joué un rôle déterminant, relève Mme Meier-Schatz, également directrice de l’organisation Pro Familia. “Les ministres des finances des cantons ont beaucoup mis en avant cet aspect.

Solutions alternatives

Les partis ne perdent toutefois pas de vue la nécessité d’aider les familles avec enfants. Les perdants du jour rappellent leurs autres projets actuellement en cours au Parlement, à l’instar de la gratuité des primes d’assurance maladie pour les enfants, ou de rabais d’impôts supplémentaires.

Les socialistes estiment eux judicieux de soutenir les foyers en “augmentant les allocations familiales”. Rebecca Ruiz annonce vouloir déposer une initiative parlementaire en ce sens. “Je proposerai une hausse de 50 francs par mois.”

Les Verts plaident pour la généralisation de l’horaire continu dans les écoles, qui doit permettre aux deux parents de travailler plus facilement. Ils appellent aussi à la création d’un Secrétariat d’Etat pour les familles.

L’UDC a une autre solution. Des rabais fiscaux doivent soulager les “familles qui ne recourent pas à la garde extra-familiale, comme nous l’avions déjà proposé” dans une initiative refusée récemment. Le conseiller national Raymond Clottu espère que les partis ne rechigneront pas à former des alliances. Il pense notamment au PDC.

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