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L’armée accusée par l’ONU de soutenir des crimes ethniques

Face aux violences dans la région, l'ONU a envoyé la semaine passée une équipe d'enquêteurs pour entendre des réfugiés. "Ses rapports sont atroces", a affirmé le Haut commissaire aux droits de l'homme Zeid Raad Al Hussein (archives). KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI sda-ats

(Keystone-ATS) Les autorités congolaises sont accusées d’avoir armé une milice à l’origine d’attaques ethniques “horribles” dans le Kasaï. Des centaines de civils des communautés Luba et Lulua auraient été tués, brûlés vifs ou mutilés, a dit mardi l’ONU à Genève.

Face aux violences dans la région, elle a envoyé la semaine passée une équipe d’enquêteurs pour entendre des réfugiés. “Ses rapports sont atroces et indiquent que la situation (…) s’est non seulement aggravée, mais qu’elle est aussi devenue plus complexe”, a affirmé le Haut commissaire aux droits de l’homme, Zeid Raad Al Hussein.

Dans le village de Cinq, la milice Bana Mura a été mise sur pied par un leader local bien connu “qui leur a fourni machettes, fusils de chasse et carburant”, a rapporté M. Zeid devant le Conseil des droits de l’homme. Victimes et témoins d’attaques dans une vingtaine d’autres villages assurent également que “la milice est organisée et armée par les autorités locales”.

D’autres victimes ont en outre assuré que “des membres des unités locales de l’armée et de la police congolaises, ainsi que des chefs traditionnels, étaient présents lors des attaques de Bana Mura”, poursuit le Haut commissaire.

La milice Bana Mura a officiellement été mise sur pied en soutien des autorités dans leur lutte contre la rébellion Kamwina Nsapu dans le Kasaï. Elle s’en est cependant pris à des villageois, ainsi qu’à des patients et au personnel médical du principal centre de soin de Cinq.

Enfants-soldats

De son côté, la milice Kamwina Nsapu a assassiné entre autres des membres des forces armées et de la police, des fonctionnaires et des civils soupçonnés de collaborer avec les autorités, ajoute encore M. Zeid. De nombreux enfants, parfois âgés d’à peine sept ans, ont été enrôlés par cette milice. Ils sont pour la plupart sous l’influence de drogues.

Soulignant l’absence de progrès dans les enquêtes sur ces exactions, le Haut commissaire a à nouveau demandé le lancement d’investigations internationales sur les violations des droits humains au Kasaï central et oriental. Une résolution sur le sujet sera soumise au vote au Conseil des droits de l’homme jeudi ou vendredi.

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