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L’armée afghane contre-attaque pour reprendre Kunduz

(Keystone-ATS) L’armée afghane, épaulée par un soutien aérien américain, est entrée dans Kunduz mardi pour tenter de reprendre ce carrefour stratégique du Nord aux talibans. Les rebelles se sont emparés la veille de la 5e plus grande ville du pays.

“Nos forces avancent dans la ville”, a assuré le président afghan Ashraf Ghani, dont le premier anniversaire à la tête de l’Afghanistan coïncide avec cette cinglante défaite.

La contre-offensive, menée par “des renforts” venus de plusieurs provinces, a déjà permis de reprendre le quartier général de la police et la prison, vidée lundi de ses détenus par les insurgés, a assuré le ministère afghan de la Défense. Sur les 600 prisonniers libérés, “110 étaient des talibans”, a indiqué Rahmatullah Nabil, le chef du renseignement afghan.

L’armée américaine, qui procède régulièrement à des frappes contre les insurgés dans l’Est afghan, a fourni un soutien aérien aux troupes gouvernementales. Elle a procédé à une frappe aérienne dans les environs de Kunduz, destinée à “éliminer une menace” non précisée, selon la mission de l’OTAN dans le pays.

Boucliers humains ?

Cette aide venue du ciel vise à soutenir des troupes afghanes vite débordées lundi face aux insurgés islamistes. La tâche de l’armée dans la ville est très ardue, car “l’ennemi utilise des habitants comme boucliers humains”, d’après Ashraf Ghani. Les talibans ont incité les habitants de Kunduz à reprendre une “vie normale”, signe de leur volonté de gagner les coeurs de la population civile.

Mais un employé occidental d’une ONG installé à Kunduz, qui est parti lundi, a raconté que la porte de ses locaux avait été “défoncée” par les talibans. “D’autres ONG ont vu leur matériel volé” par les insurgés.

Un responsable gouvernemental présent à l’aéroport de Kunduz a fait état de violents combats mardi. L’électricité et le téléphone demeuraient coupés dans la majeure partie de la ville.

Selon des habitants, les talibans patrouillent dans les rues à bord de véhicules pris à l’armée, à la police et aux ONG caritatives occidentales. “Ils ont pris le contrôle de notre hôpital, de la banque centrale et d’autres bâtiments administratifs”, a témoigné un médecin de l’hôpital.

Nombreux morts

Selon un porte-parole du ministère de la santé publique, 16 corps ont été acheminés vers les morgues des hôpitaux de Kunduz. Un porte-parole des talibans a, lui, indiqué que trois insurgés avaient été tués et 11 autres blessés, tandis qu’au moins 18 policiers afghans ont été tués lors des combats.

Le ministre de la Défense, Mohammad Masoom Stanekzai, a parlé de son côté de 17 membres des forces de sécurité tués dans l’ensemble du pays au cours des dernières 24 heures, sans donner plus de précision.

Avec la chute du centre de Kunduz, c’est la première fois en près de 14 ans de conflit que les talibans se sont emparés d’une capitale provinciale, un revers de taille pour le gouvernement du président Ashraf Ghani.

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