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L’Australie cesse de reléguer des enfants réfugiés sur Nauru

Jusqu'à 220 enfants ont été placés dans ces centres délocalisés par l'Australie sur l'île de Manus (Papouasie-Nouvelle-Guinée) et dans le micro-Etat insulaire de Nauru depuis 2013 (archives). KEYSTONE/AP Pool New Zealand Herald/JASON OXENHAM sda-ats

(Keystone-ATS) L’Australie se prépare à retirer les quatre derniers enfants toujours placés dans des centres de traitement de l’immigration offshore sur l’île de Nauru. Ils doivent être transférés avec leurs familles vers les Etats-Unis, a indiqué Canberra dimanche.

Jusqu’à 220 enfants ont été placés dans ces centres délocalisés par l’Australie sur l’île de Manus (Papouasie-Nouvelle-Guinée) et dans le micro-Etat insulaire de Nauru depuis 2013. Mais une campagne massive en Australie exigeant le retrait des mineurs de ces centres de détention pour migrants l’an dernier a convaincu le gouvernement de les évacuer.

Le Premier ministre australien Scott Morrison, entré en fonction en août 2018 alors qu’il y avait encore 109 mineurs privés de liberté, a affirmé dimanche que son gouvernement avait travaillé depuis “calmement et méthodiquement au cours de la procédure sans compromettre l’intégrité de l’Opération de protection des frontières”, dénomination de la politique migratoire controversée de l’Australie.

Les défenseurs des droits de l’Homme en Australie ont salué la nouvelle tout en mettant en garde contre la communication gouvernementale s’attribuant le mérite de ces évacuations. “En public, le gouvernement va appeler cela une victoire et se vanter d’avoir évacué le dernier enfant pour raisons médicales urgentes. Mais “en coulisses nous avons dû nous battre en justice et menacer d’actions légales pour évacuer chacun de tous les enfants malades et leurs familles”, a commenté David Burke, avocat pour l’ONG Human Rights Law Centre, cité par par l’agence dpa.

Inhumanité

En décembre dernier, l’ONG Médecins Sans Frontière avait dénoncé que la majorité des enfants sur l’île de Nauru souffraient de problèmes mentaux à un niveau “inhumain”, alors qu’un tiers d’entre eux A tenté de se suicider.

Le gouvernement a fait cette annonce avant l’ouverture mi-février de la session parlementaire, où le sujet des enfants de Nauru promettait de revenir à l’ordre du jour. L’opinion publique australienne est, d’après les sondages, défavorable à ces camps de réfugiés en sol étranger, mais le Premier ministre, qui a pris les rênes du pouvoir en promettant la fermeté contre l’immigration, n’a pas prévu de fermer celui de Nauru.

Depuis 2013, le gouvernement australien a mis en place en politique très critiquée d’incarcération des migrants et demandeurs d’asile qui tentent de rejoindre l’île-continent par bateau. Ces personnes sont ensuite placées dans des centres d’immigration sous-traités dans les îles du Pacifique de Nauru et de Manus, le temps que leur demande d’asile soit évaluée. Même une fois qu’ils sont reconnus “réfugiés”, ils ne sont toutefois jamais accueillis en Australie, pour ne pas encourager les périlleuses traversées en mer, justifie Canberra.

A la recherche d’accords

Le gouvernement australien fait tout son possible – à coup d’accords et de millions – pour renvoyer ceux qui y parviennent vers d’autres destinations comme le Cambodge. Il est parvenu à négocier un accord avec Washington sous l’ancienne administration du président démocrate américain Barack Obama pour que des réfugiés puissent être réinstallés outre-Atlantique.

Le nombre exact de réfugiés et demandeurs d’asile encore maintenus dans les centres d’immigrations offshore n’est pas communiqué par les autorités australiennes. Après un pic de plus de 2000 personnes en détention en 2014, il y en avait 1262 fin décembre 2016, selon les données officielles. Il est estimé désormais qu’il reste encore 500 hommes et femmes à Nauru, et 600 hommes sur l’île de Manus, selon les associations de défense des demandeurs d’asile.

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