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L’ETA annonce avoir dissous toutes ses structures dans une lettre

L'ETA a mené cinquante années de lutte armée pour l'indépendance du Pays basque, qui ont coûté la vie à 850 personnes (archives). KEYSTONE/GARA/APTN sda-ats

(Keystone-ATS) L’organisation séparatiste basque ETA annonce avoir “dissous toutes ses structures” après des décennies d’attentats meurtriers. Sa lettre datée du 16 avril a été publiée mercredi par le journal en ligne espagnol eldiario.es.

Elle avait déclaré un cessez-le-feu en 2011 et remis ses armes en avril 2017, mettant fin à la dernière grande insurrection armée en Europe occidentale.

L’ETA a décidé de mettre fin à son cycle historique et à sa fonction, mettant un terme à son parcours. En conséquence, l’ETA a dissous complètement toutes ses structures et considère son initiative politique terminée”, affirme cette lettre écrite en basque et portant l’emblème de l’organisation, un serpent enroulé autour d’une hache. Le groupe ajoute vouloir contribuer à “bâtir l’avenir” à partir de ce “nouveau point de départ”.

Ceci n’est pas l’annonce officielle

Un membre du gouvernement basque a déclaré à l’AFP que cette lettre n’était pas encore l’annonce définitive de la dissolution de cette organisation considérée comme terroriste par l’Union européenne (UE). Il a précisé attendre cette annonce pour jeudi, vraisemblablement sous la forme d’une vidéo envoyée à la BBC.

“Cette une lettre que l’ETA a envoyée à des personnalités et des organisations qui ont participé il y a sept ans à la déclaration de Aiete”, a expliqué cette source. C’est cette initiative internationale qui avait débouché en octobre 2011 à l’abandon définitif de la violence par l’organisation clandestine.

Elle est destinée à assurer à ces personnalités, dont l’ancien secrétaire général de l’ONU Kofi Annan, que sa décision de se dissoudre est ferme, a-t-il ajouté.

L’ETA a présenté le mois dernier ses excuses pour les souffrances causées aux victimes de ses attentats et à leurs proches.

Plus de 800 morts en quatre décennies

L’ETA, formée en 1959 sous la dictature de Francisco Franco, a revendiqué de nombreux attentats ciblés, visant notamment des militaires. Elle a fait au moins 829 morts et des milliers de blessés dans une campagne d’attentats en Espagne et en France pour l’indépendance du Pays basque et de la Navarre de 1968 à 2010.

En 1987, l’explosion d’une voiture piégée devant un supermarché de Barcelone avait tué une femme enceinte et deux enfants, causant une vague d’indignation en Espagne et à l’étranger. Les enquêtes et opérations antiterroristes menées par les polices espagnole et française avaient peu à peu affaibli l’organisation.

Dans sa lettre, l’ETA affirme que Euskal Herria, le territoire dont elle réclame l’indépendance, reste “en conflit avec l’Espagne et la France”. “Le conflit n’a pas commencé avec l’ETA et ne se termine pas avec la fin du parcours de l’ETA”, affirme-t-elle. Selon un sondage de l’université de Deusto à Bilbao, publié en novembre dernier, 14% des personnes interrogées se disent favorables à l’indépendance du Pays basque.

Gouvernement critiqué

L’annonce de sa dissolution par l’organisation séparatiste basque ETA est “une bonne nouvelle pour ceux qui ont à coeur de continuer sur le chemin de la paix”, a estimé mercredi Jean-Noël “Txetx” Etcheverry, qui fut l’un des artisans du processus de paix.

Ce militant altermondialiste, qui a oeuvré pour le désarmement de l’ETA à Bayonne, dans le sud-ouest de la France, le 8 avril 2017, a dénoncé cependant l’attitude du gouvernement espagnol, “qui multiplie les déclarations belliqueuses comme s’il avait du mal à admettre la réalité que tout le monde conteste”.

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