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L’ETA livre à la France plusieurs tonnes d’armes

En marge de l'opération de "désarmement", un grand rassemblement populaire a eu lieu samedi après-midi à Bayonne sur le thème "Nous sommes tous et toutes des artisans de la paix". Selon la police, 6000 à 7000 personnes ont participé à ce rassemblement aux cris de "Independentzia" ("Indépendance"). KEYSTONE/AP/ALVARO BARRIENTOS sda-ats

(Keystone-ATS) La liste fournie par l’ETA à la France a permis de retrouver samedi “près de 3,5 tonnes d’armes et d’explosifs”. Un geste dans le cadre du “désarmement” annoncé par l’organisation séparatiste basque et salué comme un “grand pas” par la France.

L’organisation clandestine, qui a renoncé en 2011 à la lutte armée, avait fourni samedi cette liste de huit caches d’armes et d’explosifs, situées dans le département français des Pyrénées-Atlantiques, frontalier de l’Espagne, selon des sources proches du dossier. La France, et plus particulièrement la région du Sud-Ouest, ont historiquement servi de “base arrière” à l’ETA.

Après s’être rendues sur place, les autorités ont retrouvé “près de 3,5 tonnes d’armes, explosifs et matériels nécessaires à la fabrication d’engins explosifs”, a annoncé le Premier ministre français Bernard Cazeneuve qui s’est “félicité de cette opération, menée dans le calme et sans violence”.

“Grand pas”

La tonalité était la même un peu plus tôt samedi, lorsque le ministre de l’Intérieur Matthias Fekl a salué “un grand pas” et “un jour incontestablement important”, en rendant également hommage aux victimes de l’ETA.

En revanche, à Madrid, la tonalité est toute autre et c’est la première fois que l’Espagne et la France ne sont pas sur la même longueur d’ondes sur ce dossier: l’ETA doit “annoncer sa dissolution définitive, demander pardon à ses victimes et disparaître, au lieu de monter des opérations médiatiques pour dissimuler sa défaite”, a sèchement commenté le gouvernement espagnol dans un communiqué.

Le président du gouvernement, Mariano Rajoy, a déclaré que “l’ETA a fait une énième annonce de désarmement (…) cela se fera en échange de rien”. “Les actions entreprises aujourd’hui par le groupe terroriste ne sont rien de plus que le résultat de sa défaite définitive”, a estimé de son côté le ministre de l’Intérieur, Juan Ignacio Zoido, devant des journalistes à Madrid

En 43 ans, les attentats de l’ETA perpétrés au nom de la lutte pour l’indépendance du Pays Basque et de la Navarre ont fait 829 morts, selon les autorités.

Faire “parler” ces armes

Les forces de l’ordre doivent à présent s’assurer que ces caches correspondent à ce qu’elles savent de l’arsenal du mouvement clandestin. Les experts en balistique et la justice devront ensuite faire “parler” ces armes.

“Les produits dangereux seront détruits. Armes et matériels vont être expertisés sous l’autorité de la justice qui travaillera, comme toujours, en étroite collaboration avec la justice espagnole afin de vérifier si les éléments recueillis peuvent aider à résoudre des affaires toujours en cours”, a précisé le Premier ministre français.

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