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L’Europe s’impatiente, le Royaume-Uni tangue

La première ministre écossaise Nicola Sturgeon (d) estime que le Royaume-Uni pour lequel l'Ecosse a voté en 2014 n'existe plus (archives). KEYSTONE/EPA PRESS ASSOCIATION/JANE BARLOW sda-ats

(Keystone-ATS) Sous le choc du Brexit, le Royaume-Uni se débattait dimanche pour retrouver ses repères entre poussée indépendantiste en Ecosse et ambiance chaotique à Westminster. Les grandes manoeuvres diplomatiques se multiplient à Berlin et Bruxelles, pour accélérer la procédure.

“Et maintenant?”, titrait le Sunday Times, résumant l’atmosphère dans laquelle est plongé le pays après un référendum qui a exacerbé les divisions identitaires et politiques. “Le Royaume-Uni pour lequel l’Ecosse a voté pour rester en 2014 n’existe plus”, a de son côté dit sur la BBC la première ministre écossaise Nicola Sturgeon qui souhaite un nouveau référendum d’indépendance après celui de 2014.

“Le contexte et les circonstances ont complètement changé” après le vote sur le Brexit, a-t-elle ajouté. Mme Sturgeon a même évoqué la possibilité de s’opposer aux lois qu’adopteront les députés britanniques pour officialiser le retrait du Royaume-Uni de l’UE.

Avis de tempête à Westminster

A Londres, le conflit ouvert au sein des Tories a gagné le parti travailliste. Huit de ses dirigeants ont ouvertement contesté le leadership de Jeremy Corbyn, lui reprochant de ne pas avoir défendu avec pugnacité l’idée du “Remain”.

M. Corbyn a pour sa part limogé Hilary Benn, ministre des affaires étrangères dans le “cabinet fantôme” du Labour, qui préparait un coup de force contre lui, selon The Observer. Le chef du Labour ne quittera pas ses fonctions, a assuré un de ses lieutenants, John McDonnell, mais une réunion houleuse l’attend lundi, lors de laquelle pourrait être étudiée une motion de défiance à son encontre.

La tempête touche également depuis vendredi le parti conservateur, où la guerre de succession a démarré depuis l’annonce de la démission pour octobre du Premier ministre conservateur David Cameron.

Signe d’un Brexit qui a du mal à passer, la pétition réclamant l’organisation d’un deuxième référendum dépassait dimanche après-midi les 3,2 millions de signataires, bien que 77’000 signatures frauduleuses aient été supprimées.

Divorce immédiat

Le Royaume-Uni doit aussi gérer les appels pressants des dirigeants européens d’accélérer un divorce que David Cameron veut laisser à son successeur le soin de gérer. Selon la Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung, les quatre principaux partis du Parlement européen ont rédigé une résolution l’invitant à engager le Brexit dès mardi, au premier jour d’un sommet européen qui s’annonce électrique.

“Cette attitude d’hésitation, simplement pour faire le jeu tactique des conservateurs britanniques, nous nuit à tous”, a renchéri le président de l’assemblée, Martin Schulz.

Le vice-chancelier et ministre allemand de l’Economie Sigmar Gabriel a pour sa part affirmé dimanche que Londres ne pourrait pas être un “demi-partenaire”. “Les Britanniques ont décidé de partir. Nous ne discuterons pas de ce que l’UE pourrait encore proposer aux Britanniques pour qu’ils restent”, a-t-il dit, tranchant avec le ton jugé plus conciliant d’Angela Merkel.

Grandes manoeuvres

François Hollande a estimé dimanche que la France et l’Allemagne devaient “prendre l’initiative”. Avant le sommet européen de mardi et mercredi, les ministres français et allemand des affaires étrangères ont plaidé pour une “Europe forte” et proposé une série de mesures pour aider l’UE, “sévèrement mise à l’épreuve” par le vote britannique, à répondre mieux aux attentes de ses citoyens.

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