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L’ex-Premier ministre français Edouard Balladur mis en examen dans l’affaire Karachi

L'élection présidentielle française de 1994 avait notamment opposé Edouard Balladur (à droite) à Jacques Chirac, qui l'avait emporté (archives). KEYSTONE/AP/FRANK FIFE sda-ats

(Keystone-ATS) L’ancien Premier ministre français Edouard Balladur a été mis en examen dans le volet financier de l’affaire Karachi. Ce dernier est accusé de complicité de détournement de fonds public pour le financement de sa campagne présidentielle en 1995.

Entendu lundi par la commission d’instruction de la Cour de justice de la République (CJR), l’ex-Premier ministre, 88 ans, a été mis en examen pour “complicité d’abus de biens sociaux et recel”, a précisé cette source à l’AFP, confirmant une information du Canard enchaîné.

Ce volet de l’affaire Karachi concerne la campagne présidentielle de 1995 de l’ancien Premier ministre, soupçonnée d’avoir été en partie financée grâce à des rétrocommissions sur des contrats d’armement.

Au terme de leur enquête sur le volet financier de l’affaire Karachi, les juges d’instruction avaient décidé en juin 2014 de renvoyer six protagonistes présumés en correctionnelle.

Décision contestée

Dans un communiqué transmis à l’AFP, Edouard Balladur a annoncé avoir “demandé à ses avocats de contester cette décision devant la Cour de cassation”.

“La décision de la commission d’instruction ne tire aucune conséquence de la validation du compte de campagne par le Conseil constitutionnel en octobre 1995, non plus que de l’ancienneté des faits, vieux de vingt-trois ans”, estime l’ancien rival de Jacques Chirac.

Attentat de Karachi

Les magistrats ont acquis la conviction que la campagne d’Edouard Balladur – devancé par Jacques Chirac, l’autre candidat de la droite en 1995 – a été financée par des rétrocommissions illégales. Ces dernières concerneraient des contrats de sous-marins vendus au Pakistan et de frégates destinées à l’Arabie Saoudite.

L’une des hypothèses envisagées est que la fin du versement des commissions, ordonné par Jacques Chirac devenu président, est à l’origine de l’attentat de Karachi. L’attentat-suicide a coûté la vie à 15 personnes dont 11 ouvriers français de la Direction des Constructions Navales, en 2002.

Saisie en juin 2014, la CJR était chargée d’enquêter sur le rôle présumé joué par Edouard Balladur et son ancien ministre de la Défense François Léotard. Elle est la seule habilitée à juger des ministres pour des délits commis dans l’exercice de leur fonction.

Alors que leur défense avait tenté de faire jouer la prescription, la CJR leur avait donné tort en septembre, estimant que le délai de prescription n’avait pas démarré en 1995 mais en 2006, date à laquelle le procureur avait eu connaissance du rapport “Nautilus”.

Dans ce rapport, un ancien membre des services de renseignement estimait que l’attentat de Karachi avait été décidé en rétorsion à la décision de Jacques Chirac de cesser le versement de commissions à des responsables pakistanais sur des contrats d’armement. Cette note évoquait des rétrocommissions pour financer la campagne d’Édouard Balladur.

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