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L’expédition suisse Ocean Mapping ausculte la Barrière de corail

Le voilier suisse "Fleur de passion" a entamé en avril 2015 un périple scientifique et une aventure humaine de quatre ans sur les traces de Magellan. Il est arrivé à Brisbane en novembre dernier. Fondation pacifique sda-ats

(Keystone-ATS) Le voilier historique suisse “Fleur de Passion”, de l’ONG genevoise Fondation Pacifique, va ausculter pendant deux mois la Grande barrière de corail. Il s’agira de cartographier une portion des récifs coralliens grâce à une collaboration universitaire locale.

Cette tâche sera effectuée d’avril à fin mai sur une zone de 400 km entre Townsville et Cooktown, sous la conduite des chercheurs de l’Université du Queensland et de l’ONG CoralWatch. Des bénévoles se succéderont à bord afin de mesurer la santé du corail à l’aide d’un diagramme couleur et de photographier le fond marin.

“Ce travail représentera la prise de 20’000 à 30’000 clichés”, a expliqué mercredi devant la presse à Brisbane Chris Roelfsema, géographe de la mer, chercheur au Département de la terre et de l’environnement de l’Université du Queensland.

Ce travail de titan couvrira seulement 0,5% du total des 340’000 km2, soit une infime portion du massif corallien qui représente en tout une superficie supérieure à la taille de l’Italie.

Protéger “là où c’est possible”

Mais c’est un pas de plus. “Grâce à une modélisation nous pourrons extrapoler et élargir nos connaissances. Seul 5 à 10% de la Barrière de corail est répertoriée. Les satellites donnent les contours précis, mais ils ne permettent pas de distinguer ce qui la compose”, a précisé M. Roelfsema au côté du Genevois Pietro Godenzi, président de la Fondation Pacifique.

“C’est un peu comme utiliser Geoplanet. Vous connaissez les limites d’une halle de stockage vue du ciel sans en connaître son contenu. Nous voulons mieux connaître la composition, afin de protéger là où cela est possible. Par exemple, interdire la navigation dans des zones où le corail est encore en bonne santé”, dit le scientifique.

La Grande barrière de corail connaît son troisième et plus grave épisode de blanchissement dû au réchauffement climatique. Aujourd’hui, plus de la moitié de cet écosystème a subi des dommages.

L’initiative helvétique est accueillie avec reconnaissance par le chercheur en neurosciences Justin Marshall, à la tête de CoralWatch, car il regrette l’absence de volonté du gouvernement australien. “L’Australie ne dispose que d’un seul navire scientifique digne de ce nom” et l’Autorité du Parc maritime de la Grande barrière de corail n’a qu’une action “limitée” car elle manque de moyens, dit-il.

Sur les traces de Magellan

“Fleur de Passion”, le voilier historique construit en 1941, a été restauré par une équipe de navigateurs genevois. Il a quitté le port de Séville en avril 2015 pour une aventure scientifique, culturelle et sociale de quatre ans baptisée “Ocean Mapping”.

Un de ses objectifs est d’établir une cartographie de la pollution maritime par les plastiques et de sensibiliser le public aux effets du réchauffement climatiques.

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