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L’immigration en provenance de l’UE en baisse l’an dernier

Les entreprises suisses pourraient peiner à recruter de la main-d'oeuvre des pays de l'UE en raison de la reprise économique dans cette région, selon un rapport du SECO (archives). KEYSTONE/ANDREE-NOELLE POT sda-ats

(Keystone-ATS) L’intégration professionnelle des citoyens européens en Suisse est réussie, selon un rapport sur la libre circulation des personnes. Reprise économique oblige, les entreprises suisses risquent toutefois de peiner à recruter des travailleurs de l’UE.

Le solde migratoire avec les pays de l’Union européenne (UE28) et l’AELE a reculé de 11% l’année dernière par rapport à 2016, à 31’250 personnes. Ce niveau est inférieur de plus de la moitié au record de 68’000 personnes enregistré en 2013, indique mardi le dernier rapport de l’Observatoire sur la libre circulation des personnes.

L’embellie économique dont jouit l’UE n’est pas étrangère à cette évolution, a expliqué devant la presse la secrétaire d’Etat à l’économie Marie-Gabrielle Ineichen-Fleisch. Et l’immigration européenne ne devrait pas augmenter cette année non plus. Entre janvier et mai, l’immigration nette cumulée depuis l’UE, soit 12’840 personnes, était de 4% inférieure à la valeur de 2017.

Recrutement difficle

Les entreprises suisses pourraient rencontrer des difficultés à recruter de la main d’œuvre dans l’UE. En effet, alors que ces dernières années, les patrons suisses ont beaucoup recruté du personnel en Europe du Sud, la demande s’est fortement contractée ces derniers temps à cause de la reprise dans cette région.

Le Portugal a affiché un solde migratoire négatif en 2017. L’Italie, dont l’économie continue d’afficher un taux de croissance plutôt faible, reste un pays de recrutement majeur.

L’immigration de l’UE correspond aux besoins du marché du travail helvétique, a ajouté Mme Ineichen-Fleisch. En général, ces personnes arrivent en Suisse avec un contrat de travail dans les bagages et trouvent un emploi dès leur arrivée.

On constate également que la moitié des personnes arrivées en Suisse en 2009 l’avait quittée cinq ans plus tard. Ce qui montre que l’immigration se détermine en fonction des données économiques, s’est félicité pour sa part Roland Müller, directeur de l’Union patronale suisse.

Emploi à la hausse

La demande de main d’œuvre bien qualifiée continue d’être soutenue. La participation au marché du travail des ressortissants de l’UE/AELE a fortement progressé, de 82,1% à 87,2% (+5,1%) l’année dernière. La population suisse a elle consolidé sa part, l’augmentant de 2,3%, à 84,4%, a relevé Boris Zürcher, chef de la Direction du travail au Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO).

Le rapport ne révèle en outre aucun signe d’une répercussion négative de l’immigration sur le chômage des Suisses. Leur taux de chômage est toujours nettement inférieur à la moyenne. Celui des ressortissants de l’UE/AELE est légèrement en dessus en raison des effets saisonniers ou structurels du chômage selon les branches et les métiers.

Parmi les salariés qui ont immigré en Suisse dans le cadre de l’accord sur la libre circulation des personnes, 54% d’entre eux sont titulaires d’une formation tertiaire. Dix-sept pour cent n’avaient aucun diplôme de formation post-obligatoire.

Salaires adaptés

Le rapport évacue aussi les craintes que les travailleurs de l’UE travaillent pour des salaires trop bas à des postes où ils sont surqualifiés, a estimé M. Müller. Les salaires plus faibles ne sont accordés que temporairement et sont ajustés ensuite à la hausse en peu de temps.

Dans l’ensemble, sur la moyenne de tous les immigrés de l’UE, l’écart salarial est de 1,4%. Cela confirme que ceux dotés d’un niveau de formation tertiaire sont occupés dans des postes correspondant dans une large mesure à leur niveau de formation et qu’ils sont rémunérés de manière comparable à la population résidante, lit-on dans le rapport.

Un constat que l’Union syndicale suisse (USS) nuance. Les travailleurs étrangers sont mieux protégés grâce aux mesures d’accompagnement, mais la libre circulation a conduit à l’ouverture du marché pour les entreprises étrangères et les agences de travail temporaire, a dit Daniel Lampart, économiste en chef de l’USS.

Actuellement, environ 120’000 prestataires de services étrangers travaillent chaque année en Suisse, surtout dans la construction. La pression sur les salaires est une réalité. L’an dernier, des cas de sous-enchère salariale ont été découverts lors d’un contrôle sur cinq, a-t-il affirmé.

Aide sociale

Enfin, le rapport fait aussi le point sur les prestations dont les salariés étrangers ont bénéficié. En 2016, 5,5% des immigrés de l’UE/AELE ont perçu des indemnités journalières de l’assurance-chômage contre 2,4% pour les ressortissants suisses. La part d’immigrés de l’UE et de l’AELE ayant recours à l’aide sociale correspondait à 2%, soit nettement en dessous de la moyenne nationale (3,2%) et de celles des Suisses (2,6%).

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