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L’immigration en provenance de l’UE stable en 2018

Un rapport publié lundi évacue les craintes que l'écart salarial entre travailleurs de l'UE et travailleurs suisses est élevé (image symbolique). KEYSTONE/MARTIN RUETSCHI sda-ats

(Keystone-ATS) L’immigration issue de l’Union européenne et de l’AELE est restée stable l’année passée. La présence des travailleurs européens n’a en outre pas d’effet significatif sur l’évolution des salaires en Suisse, relève un rapport du SECO publié lundi.

L’accord sur la libre circulation des personnes a apporté une croissance économique considérable à la Suisse, a indiqué la secrétaire d’Etat et directrice du SECO Gabrielle Ineichen-Fleisch lundi devant la presse en présentant le dernier rapport de l’Observatoire de la libre circulation des personnes.

L’année passée, le solde migratoire par rapport à l’UE et l’AELE est resté au même niveau que celui de 2017, s’inscrivant à 31’200 personnes. Ce nombre est largement inférieur à sa moyenne à long terme, précise le rapport. Il a même diminué de plus de la moitié eu égard au record de 2013, de 68’000 personnes.

Cette évolution devrait se confirmer cette année, a expliqué Boris Zürcher, chef de la division du travail du Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO). Une hausse est difficilement envisageable vu les chiffres enregistrés depuis le début de l’année 2019.

Concernant les Etats tiers, l’immigration nette a légèrement progressé en 2018 (+800 personnes) à 23’400 personnes, soit un solde migratoire global positif de 54’600 personnes. Il s’agit d’un niveau inférieur aux moyennes annuelles observées depuis l’entrée en vigueur de l’accord sur la libre circulation des personnes.

Chômage sous contrôle

La participation des immigrés européens au marché du travail reste élevée. Le taux d’emploi de ces travailleurs était de 87,3% l’année passée contre 84,2% pour la moyenne suisse. Le potentiel de main-d’oeuvre suisse est de mieux en mieux exploité, avec un taux d’emploi de 84,6%, a noté M. Zürcher.

Le taux de chômage des personnes provenant de l’UE et de l’AELE est supérieur à la moyenne nationale. Leur concentration dans des secteurs touchés par le chômage explique en partie cette évolution. Leur emploi dans des secteurs soumis aux aléas saisonniers, comme la restauration, l’agriculture ou la construction, explique aussi ce phénomène.

Immigrés du Nord favorisés

Le rapport accorde une place importante à l’évolution salariale. De 2010 à 2018, les salaires des travailleurs issus de l’UE et de l’AELE étaient en moyenne 0,4% inférieurs aux salaires qui prévalaient avant l’entrée en vigueur de la libre circulation des personnes en 2002.

Les ressortissants d’Europe du Nord et de l’Ouest sont les plus favorisés. Leurs salaires sont en moyenne supérieurs de 2% à celui des résidents permanents.

Ceux provenant d’Europe de l’Est et dans certains cas d’Europe du Sud, perçoivent un salaire moyen inférieur à celui de la population résidante. Pour ces immigrés, l’écart salarial est de -5,9%, malgré leur niveau de qualification. Mais ils sont davantage susceptibles de travailler dans des professions et des secteurs dans lesquels leurs connaissances ne sont pas mises en valeur, selon le rapport.

Le manque de connaissances linguistiques peut aussi les désavantager. Les immigrés d’Europe du Nord et de l’Ouest, en revanche, qui sont avant tout des Allemands en Suisse alémanique et des Français en Suisse romande, sont au contraire favorisés. Pour les frontaliers, l’écart salarial est de 9,2 % avec les résidents permanents.

La croissance des salaires en Suisse reste globalement équilibrée. La proportion des personnes avec des bas salaires est restée pratiquement constante entre 2002 et 2016, une évolution à mettre sur le compte des mesures d’accompagnement.

Suisses pas mis à l’écart

Ces dernières années, le potentiel de main d’oeuvre des ressortissants étrangers a été exploité de manière satisfaisante, relève le rapport. Aucun élément n’indique que l’immigration a évincé la population indigène du marché du travail.

En 2018, la part de la population immigrée par rapport au total de la main-d’oeuvre suisse s’élevait à 32%. La Suisse occupe la deuxième place au niveau européen derrière le Luxembourg.

Reconnaissant les effets positifs de la libre circulation, les syndicats dénoncent néanmoins le risque de précarité de certaines formes de travail. Le détachement de main-d’œuvre de l’étranger et le travail temporaire sont particulièrement touchés, a affirmé Daniel Lampart, économiste en chef de l’Union syndicale suisse.

Les mesures d’accompagnement devraient être renforcées, selon lui. Pour les patrons, il n’est pas nécessaire d’élargir ces mesures. Il faut appliquer rigoureusement celles qui sont en vigueur, a répondu Roland Müller, directeur de l’Union patronale suisse.

Les deux parties sont en revanche d’accord pour estimer qu’il ne faut pas mettre en péril les accords bilatéraux et la libre circulation des personnes. Ils rejettent l’initiative de limitation lancée par l’UDC.

Ce texte, qui aboutirait à une résiliation de la libre circulation des personnes, n’est pas une solution adéquate, a ajouté Mme Ineichen-Fleisch. Avec les mesures d’accompagnement et l’obligation d’annoncer les postes vacants, la Confédération est sur la bonne voie.

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