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L’OMS révise des décennies de pratiques sur l’accouchement

Les interventions comme certaines injections sont de plus en plus menées alors qu'elles ne sont pas indispensables selon l'OMS (archives). KEYSTONE/AP/Muhammed Muheisen sda-ats

(Keystone-ATS) La dilatation du col de l’utérus à au moins un cm/h, appliquée depuis des décennies, n’est plus pertinente selon l’OMS. Des recommandations ont été lancées jeudi à Genève pour réduire les interventions inutiles pendant les accouchements, en hausse depuis 20 ans.

La règle d’un centimètre par heure, mise en oeuvre depuis “les années 50” dans le monde entier, constitue l’une des raisons de cette augmentation, a affirmé devant la presse un responsable médical de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Olufemi Oladapo. Mais les preuves scientifiques montrent désormais que ce facteur ne peut à lui seul décider d’une anormalité d’un accouchement et provoquer des interventions médicales.

L’OMS ne fixe pas de nouveau seuil parce qu’elle recommande plutôt de suivre les conditions de la mère et du bébé. Elle considère malgré tout que la première phase d’un accouchement devrait durer au maximum 12 heures pour un premier bébé et 10 heures pour les suivants.

Femme à associer davantage

Aussi longtemps que la situation “avance” dans ce calendrier et qu’aucune complication n’est observée, “il ne devrait pas y avoir de raison de mener des interventions”, selon M. Oladapo. Il estime que la nouvelle recommandation doit aussi permettre aux médecins de se “protéger” d’éventuelles poursuites. L’OMS ne redoute elle-même pas de procès en cas de décès d’un bébé dans un cas où le rythme aurait été plus lent que celui en vigueur jusqu’à présent.

Comme elle veut “redonner un peu de pouvoir à la femme” dans le processus en demandant de l’associer à chaque décision, un tel scénario est “moins probable”, a dit de son côté le coordinateur de la santé reproductive à l’OMS. Parmi les 56 recommandations, 30 reprennent des principes existants et 26 sont nouvelles.

L’OMS demande notamment de garantir la possibilité pour les femmes de décider comment affronter leur douleur ou quelles positions elles souhaitent pendant l’accouchement. Ou encore du rythme de la poussée.

“Inégalité” entre femmes visée

Auparavant, l’injection d’ocytocine ou des césariennes n’étaient pratiquées que pour éviter des risques ou prendre en charge des complications. Elles sont désormais largement menées lorsqu’elles ne sont pas indispensables.

M. Oladapo ne “doute pas que des bénéfices financiers” puissent aussi influencer la décision de médecins de recourir à certains actes. “Certaines femmes reçoivent trop d’interventions alors qu’elles n’en ont besoin alors que d’autres n’ont pas accès à celles qu’elles devraient avoir”, affirme-t-il.

Il dénonce une “inégalité”, qualifiée même par l’OMS de violation des droits de ces femmes. La plupart des plus de 130 millions d’accouchements chaque année ont lieu sans difficulté. Même si environ 830 femmes décèdent chaque jour pendant ou après. La plupart des femmes ne souhaitent pas une intervention médicale, selon le directeur du département des soins reproductifs à l’OMS.

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