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L’ONU appelle au secours pour débloquer l’aide humanitaire en Syrie

Des frappes aériennes ont fait une trentaine de morts dimanche et lundi à Idleb, dans le nord de la Syrie. KEYSTONE/EPA/YAHYA NEMAH sda-ats

(Keystone-ATS) L’aide de l’ONU n’arrive plus en Syrie depuis deux mois. Le régime n’autorise plus les convois humanitaires et les insurgés créent eux aussi des obstacles, a déclaré jeudi Jan Egeland, conseiller spécial pour les questions de prévention et de règlement des conflits.

Pour atteindre les zones assiégées ou traverser les lignes de front, les convois humanitaires doivent obtenir des lettres du gouvernement et des garanties de sécurité de la part des groupes armés. “On n’a jamais eu si peu de lettres de facilitation”, a déclaré Jan Egeland au sortir d’une réunion avec des diplomates à Genève. Les conditions n’avaient pas été aussi difficiles depuis 2015, a-t-il ajouté.

Faisant un point sur différents secteurs, il a appelé la Russie, la Turquie et l’Iran à faire en sorte que les combats baissent en intensité dans le gouvernorat d’Idleb (nord-ouest). “Alors que nous avons absolument besoin de leur capacité d’influence (…), la diplomatie humanitaire semble totalement impuissante. On tourne en rond en ce moment.”

Chaos à Sotchi

La France a également fait savoir qu’elle souhaitait une baisse d’intensité dans les combats. “Il est urgent que la Russie et l’Iran, garants du processus (de paix) d’Astana et alliés du régime de Damas, prennent leurs dispositions pour que cessent les bombardements et que l’aide humanitaire parvienne de manière sûre, complète et sans entrave aux personnes qui en ont besoin”, a déclaré la porte-parole du Quai d’Orsay.

La conférence de paix sur la Syrie organisée par la Russie mardi à Sotchi n’a abouti qu’à une seule annonce concrète: la mise en place d’un comité qui se penchera sur l’élaboration d’une nouvelle Constitution syrienne, dont l’opposition a déjà estimé qu’elle ne servirait que les intérêts du président Bachar al Assad.

“Il faut une trêve”

Deux marchés très fréquentés d’Idleb ont été victimes de frappes aériennes dimanche et lundi, qui ont fait une trentaine de morts. Plus au nord, l’offensive turque contre les Kurdes sur Afrine a fait 15’000 déplacés, a déclaré Jan Egeland. Il a également fait état d’informations selon lesquelles les autorités locales empêcheraient les gens de fuir de la région d’Afrine.

Jeudi, au moins 20 civils ont été tués dans des raids aériens du régime visant des secteurs tenus par des groupes djihadistes et rebelles dans le nord du pays, a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Dans la banlieue de Damas, l’enclave rebelle de la Ghouta orientale, où près de 400’000 personnes sont assiégées par les forces gouvernementales syriennes leurs alliés, 750 personnes doivent être évacuées de toute urgence pour des raisons médicales. Il faut une trêve dans les combats, a dit Jan Egeland.

“Il y a des raids aériens, des combats du côté du gouvernement, mais il y a (aussi), en provenance de ce secteur, un déluge de mortiers et de grenades qui s’abattent que les quartiers de Damas”, a déclaré M. Egeland. Selon l’OSDH, trois enfants sont morts jeudi dans des tirs d’artillerie du régime visant cette enclave rebelle.

A Raqa (nord), 112 personnes ont été tuées par des explosions depuis sa reprise au groupe Etat islamique (EI) en octobre parce que les habitants ont été autorisés à rentrer chez eux alors que la ville n’avait pas encore été nettoyée de toutes les bombes qui y étaient dissimulées, a ajouté Jan Egeland.

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