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L’ONU regrette “une opportunité manquée” à Astana

Aucune avancée n'a été obtenue à Astana entre plusieurs pays alors que les discussions ont été menées depuis des mois pour un Comité constitutionnel en Syrie (archives). KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT sda-ats

(Keystone-ATS) La réunion de mercredi sur la Syrie entre la Russie, l’Iran et la Turquie à Astana n’a pas abouti à une avancée sur un Comité constitutionnel entre Syriens. Jeudi, l’émissaire de l’ONU Staffan de Mistura a déploré une “opportunité manquée”.

L’Italo-Suédois, qui doit remettre son mandat en fin d’année au Norvégien Geir Pedersen, regrette le manque “d’avancée tangible”, dix mois après la volonté affichée à Sotchi par les trois pays de lancer un Comité constitutionnel. M. de Mistura dit certes avoir entendu les trois Etats s’engager à “intensifier leurs efforts”.

Il est prêt à faciliter la semaine prochaine de nouvelles discussions. Récemment, la Russie, la France, la Turquie et l’Allemagne avaient ciblé la fin de l’année comme délai pour l’établissement du Comité constitutionnel.

Autre donnée, M. de Mistura a admis des mouvements, toutefois limités, sur les détenus. Les Syriens sont très inquiets sur cette question, selon lui.

Plus tard, dans un message, M. de Mistura a fait part de sa “profonde gratitude” à son conseiller spécial pour les questions humanitaires Jan Egeland qui présidait jeudi à Genève sa dernière réunion du Groupe de travail de 23 pays. Devant la presse, celui-ci s’est félicité que la Russie et la Turquie aient confirmé lors de cette discussion leur souhait de maintenir leur accord sur des zones démilitarisées à Idleb malgré des raids aériens récents, les premiers depuis septembre.

Préoccupation liée à Idleb

Les deux pays ont garanti que l’arrangement “serait défendu”, a ajouté M. Egeland. A Alep, les investigations se poursuivent pour établir si des armes chimiques ont été utilisées le week-end dernier. Le recours à cet armement constituerait un crime de guerre.

L’ONU veut aussi acheminer un second convoi vers Roukbane où se trouvent 45’000 civils. Il faut obtenir un feu vert “dans les prochains jours” pour garantir rapidement une assistance, dit M. Egeland.

L’ONU discute avec les pays influents dans cette zone et avec six groupes armés. Elle va également demander aux déplacés s’ils souhaitent quitter les camps dans lesquels ils se trouvent.

Plus largement, M. Egeland quitte ce mandat de conseiller spécial avec une analyse partagée. “Nous avons échoué à protéger les civils”, a-t-il répété. La Syrie est le conflit où la violence a le plus ciblé les civils, selon lui.

Mais dans le même temps, des dizaines de milliers de travailleurs humanitaires ont pu aider des millions de personnes au travers “du plus important” dispositif dans le monde. M. Egeland déplore que des dirigeants n’aient pas empêché très tôt certains pays d’alimenter le conflit.

Trop de pays

Mis en cause en 2016 et l’année suivante par la Russie et le gouvernement syrien, il estime toujours qu’il n’a pas été “partial”. “Il y a une différence entre le fait d’assiéger et d’être assiégé” comme entre des barils d’explosifs et un seul engin, dit-il.

Or, il a rappelé qu’environ 90% des sièges avaient été menés par le gouvernement et ses alliés. Il admet toutefois que trop peu de données ont été reçues sur l’attitude des groupes armés d’opposition dans les régions qu’ils contrôlaient.

M. Egeland cible aussi les Etats-Unis qui refusent de continuer à financer une assistance dans les zones reprises par le gouvernement. De même il considère comme “mauvaise” toute sanction qui affecte les civils.

Un autre responsable présidera la réunion du Groupe de travail sur les questions humanitaires le 13 décembre prochain. Selon M. Egeland, M. Pedersen souhaiterait conserver ce format, en partie remis en cause par certaines sources de pays qui participent, et le trouverait “très utile”.

Le conseiller spécial admet que cette entité est constituée de trop de pays et devrait être réaménagée. Mais il dit encore que ce mécanisme est “le seul site où quelque chose a été atteint” et qu’il a contribué “à ce qui a pu être accompli” en terme d’assistance. En plus de sept ans de conflit, plus de 350’000 personnes au total ont été tuées.

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