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L’ONU veut aider 93 millions de personnes en 2019 dans le monde

Le chef des affaires humanitaires de l'ONU Mark Lowcock affirme que le Yémen sera le pays "avec les plus grands problèmes" et où l'assistance sera la plus importante. KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI sda-ats

(Keystone-ATS) L’ONU va chercher à aider 93,6 millions des quelque 132 millions de personnes qui auront besoin d’assistance dans le monde en 2019. Un chiffre en augmentation par rapport à il y a un an. Le Yémen sera le pays “avec les plus grands problèmes”.

Contrairement aux années précédentes, le montant requis n’est pas totalement arrêté dans l’appel lancé mardi à Genève par le chef des affaires humanitaires de l’ONU Mark Lowcock. Il atteint pour le moment 21,9 milliards de dollars (21,8 milliards de francs) auxquels doit encore s’ajouter le chiffre pour la Syrie. L’enveloppe totale devrait dépasser celle demandée pour 2018.

Premier enseignement, le nombre de personnes qui aura besoin d’assistance est passé de plus de 135 à moins de 132 millions. En revanche, l’ONU veut aider 93,6 millions de personnes, davantage que les 90 millions dans son appel fin 2017. En quatre ans, son action par pays est passée en moyenne d’un peu plus de 5 ans à plus de 9 ans.

En 2019, “les besoins humanitaires vont rester élevés”, a affirmé devant la presse M. Lowcock. Certains pays “empirent, d’autres s’améliorent”.

Conférence de donateurs pour le Yémen

Le Yémen sera celui où l’action de l’ONU sera la plus importante. De 8 millions actuellement, celle-ci veut apporter une aide alimentaire d’urgence à 12 millions de personnes par mois en 2019. Au total, elle demande 4 milliards de dollars pour aider 15 millions de personnes, soit 60% de la population affectée.

La situation s’est détériorée en raison des difficultés économiques qui accompagnent le conflit qui dure depuis plus de trois ans. De retour de la région, M. Lowcock explique que cette situation a empêché de garantir des infrastructures adaptées pour acheminer l’aide depuis le port d’Hodeïda où arrive la grande partie de l’assistance.

Une conférence des donateurs aura lieu en février prochain. Outre l’aide d’urgence, des milliards de dollars supplémentaires devront soutenir l’effort du gouvernement sur cette question ou pour payer les salaires des fonctionnaires. Cette aide, à laquelle plusieurs pays de la région vont contribuer, devra être garantie davantage qu’à court terme, dit M. Lowcock.

Syrie, RDC et Soudan du Sud

La Syrie devrait rester le deuxième dispositif le plus important avec 11,2 des 13 millions de personnes dans le besoin qui seront aidées. Le montant requis sera connu en février mais celui pour les Etats voisins, où se trouvent encore des millions de réfugiés, atteint déjà 5,6 milliards.

La République démocratique du Congo (RDC) arrive troisième avec 9 millions de personnes ciblées sur les 12,8 millions vulnérables. Là aussi, ce chiffre ne prend pas en compte les 1,2 million de personnes dans les pays voisins et qui seront également assistées. En termes de financement demandé, la RDC est toutefois dépassée par le Soudan du Sud et ses voisins pour lesquels l’ONU souhaite 2,9 milliards.

Parmi les autres pays, la situation s’est détériorée en Afghanistan, notamment en raison de la sécheresse. Les besoins sont en revanche réduits en Somalie, en Irak, en Haïti ou au Burundi.

Voisins du Venezuela

L’ONU estime que le Burkina Faso, la Mauritanie et le Sénégal n’ont plus besoin d’assistance. En revanche, elle demande pour la première fois un dispositif sur la crise vénézuélienne pour laquelle environ 740 millions de dollars sont prévus pour les pays où des réfugiés sont arrivés, notamment la Colombie. A l’intérieur du Venezuela, l’ONU va renforcer la santé et l’assistance alimentaire.

Outre les conflits, un effort sera mené face aux désastres qui affectent environ 350 millions de personnes par an. D’autant plus qu’un courant chaud El Niño pourrait être observé en 2019.

L’ONU veut aussi renforcer la lutte contre les violences sexuelles. Et l’assistance directe en liquidités. Elle constitue “souvent le meilleur moyen d’aider la population dans les situations d’urgence extrême”, dit M. Lowcock. Selon lui, elle a notamment permis d’empêcher une famine en 2017 en Somalie. Elle dépasse 10% dans certaines situations.

En 2018, l’ONU a pu atteindre des millions de personnes dans plus de 40 pays. Depuis janvier, elle a reçu 14,3 milliards de dollars, un record. “Le système humanitaire aujourd’hui est plus efficace que jamais”, affirme M. Lowcock.”Les donateurs sont de plus en plus convaincus que nous avons des évaluations largement établies sur des priorités”, selon le responsable de l’ONU.

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