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L’UDC satisfaite de son débat sur l’asile au Conseil des Etats

(Keystone-ATS) La Suisse n’instaurera définitivement pas de moratoire sur l’asile réclamé par l’UDC. Comme au National mercredi, la demande du parti n’a reçu aucun soutien lors de la session extraordinaire tenue jeudi par le Conseil des Etats. Il n’y a même pas eu de vote.

Satisfait après avoir forcé les sénateurs à débattre du thème phare de la campagne électorale de l’UDC, le Schwyzois Peter Föhn a retiré sa motion. Ce texte réclamait que plus personne ne puisse entamer de procédure, obtenir l’asile ou arriver en Suisse durant un an. Un contrôle systématique des frontières aurait dû être réinstauré pour le garantir.

Le motionnaire n’a toutefois pas évoqué ces demandes. Il a parlé des événements dramatiques des dernières semaines. Selon lui, l’ONU et l’Europe ont échoué, il faut combattre beaucoup plus durement les passeurs. Mais “il suffit de regarder les habits neufs des migrants pour comprendre que ce sont des migrants économiques et non des réfugiés de guerre”.

Même dans son camp, personne ne s’est exprimé en faveur du texte. La barque sera peut-être bientôt pleine, mais il est important de respecter l’Etat de droit et de traiter les demandes, a estimé Roland Eberle (UDC/TG). Pour l’indépendant schaffhousois Thomas Minder, ce n’est qu’une question de temps avant que la Suisse soit débordée puisque les Etats voisins le sont déjà. Il est toutefois trop tôt pour recourir au droit d’urgence.

Non au refus de droit

Avec l’afflux actuel de migrants en Europe, la motion ne peut qu’être refusée, a défendu Urs Schwaller (PDC/FR). Selon lui, instaurer un moratoire sur les procédures ferait le jeu des passeurs et serait la forme la plus radicale de refus de droit.

Un moratoire ne fera en outre pas partir les gens qui sont arrivés et ne détournera pas de migrants de venir en Suisse, a argumenté Karin Keller-Sutter (PLR/SG). Les piles des dossiers en suspens vont s’allonger, ce qui ne fera qu’augmenter l’attrait pour les migrants n’ayant pas droit à la protection.

Quand plus de 60 millions de personnes sont en fuite de par le monde, fermer les frontières alors que la Suisse n’attend que 30’000 demandes cette année serait un témoignage de pauvreté, a estimé Anita Fetz (PS/BS). La Suisse doit et peut faire plus, que ce soit en renforçant l’aide sur place ou en arrêtant de livrer des armes au Moyen-Orient.

Pompier pyromane

En 1999, au plus fort de la crise du Kosovo, la Suisse a accueilli environ 50’000 personnes, soit quelque 40% de plus qu’actuellement, a rappelé Robert Cramer (Verts/GE). Les capacités d’accueil mises sur pied à l’époque ont été réduites sous l’impulsion du conseiller fédéral UDC Christoph Blocher, “cette attitude de pompier-pyromane est détestable”.

“La crise migratoire internationale est une épreuve pour l’Europe, la Suisse et nos valeurs”, a relevé la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga. Il n’y a pas de solution hors de la collaboration internationale, mais la restructuration de l’asile que le Parlement est en passe d’adopter peut être un modèle pour l’UE.

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