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L’Union africaine autorise le déploiement de 5000 hommes au Burundi

(Keystone-ATS) L’Union africaine (UA) a annoncé samedi qu’elle allait envoyer une mission de 5000 hommes au Burundi pour tenter de stopper les violences dans ce pays. Elle a menacé Bujumbura de se déployer même sans son accord.

L’envoi d’une Mission africaine de prévention et de protection au Burundi (Maprobu) “pour une période initiale de six mois, renouvelable” a été décidé vendredi par le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA. Celui-ci a demandé au gouvernement burundais “de confirmer dans les 96 heures suivant l’adoption de ce communiqué qu’il accepte le déploiement de la Maprobu et de coopérer avec elle”.

Le CPS a prévenu que si Bujumbura devait s’opposer à l’envoi de cette mission, l’UA prendrait des “mesures supplémentaires” pour en assurer le déploiement.

Accord peu probable

Il est peu cependant probable que les autorités burundaises, qui ne cessent de dénoncer l’immixtion de la communauté internationale dans leur gestion de la crise politique dans laquelle est plongé le pays depuis huit mois, acceptent un déploiement militaire sur leur sol.

Le porte-parole du gouvernement burundais, Philippe Nzobonariba, avait affirmé vendredi que cette force régionale, malgré la règle mentionnée par l’UA, ne serait pas autorisée à entrer sur le territoire national. “Ils ne peuvent pas envahir un pays si ce dernier n’est pas informé et ne l’autorise pas”, avait-il déclaré.

Le CPS a toutefois insisté sur sa “détermination à prendre toutes les mesures appropriées contre toutes parties ou acteurs, quel qu’ils soient, qui empêcheraient la mise en oeuvre de cette présente décision”.

Protection des civils

La Maprobu comptera à ses débuts jusqu’à 5000 hommes, soldats et policiers, ainsi qu’une composante civile, et intégrera les observateurs des droits de l’Homme et experts militaires déjà déployés au Burundi, a expliqué le CPS.

Elle aura pour objectif d’éviter “la détérioration de la situation sécuritaire”, de contribuer “à la protection des populations civiles en danger immédiat”, d’aider à créer les “conditions nécessaires” à la réussite d’un dialogue inter-burundais, et de faciliter “la mise en oeuvre de tout accord” auquel parviendraient les différentes parties.

Attaque meurtrière

La décision du CPS intervient une semaine après l’attaque le 11 décembre de trois camps militaires à Bujumbura et en province. Les affrontements et les opérations de ratissage qui ont suivi ont fait officiellement 87 morts, mais des ONG et l’ONU évoquent un bilan “bien plus élevé”, dénonçant des exécutions extra-judiciaires.

Le Burundi a plongé dans une profonde crise politique depuis la candidature fin avril de Pierre Nkurunziza à un troisième mandat jugé par ses adversaires contraire à la Constitution et à l’Accord d’Arusha ayant permis la fin de la guerre civile (1993-2006) entre l’armée dominée alors par la minorité tutsi et des rébellions hutu.

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