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L’USP veut combattre les pesticides, mais pas avec les initiatives

Les agriculteurs suisses sont prêts à réduire l'utilisation des pesticides, mais ils s'opposent à une interdiction (photo symbolique). KEYSTONE/GAETAN BALLY sda-ats

(Keystone-ATS) Les agriculteurs ont un problème avec la protection phytosanitaire. L’Union suisse des paysans (USP) demande donc à la Confédération de ne pas couper dans la recherche qui lui est associée. Elle se dit également contre deux initiatives qui s’attaquent aux pesticides.

“Nous avons un problème et nous l’admettons”, a affirmé mercredi le président de l’organisation Markus Ritter à Anet (BE), selon son discours écrit. Il s’appuie sur une étude de l’Office fédéral de l’environnement qui cible les micropolluants présents dans les eaux suisses.

Selon cette dernière, les eaux de ruissellement provenant des drainages des surfaces agricoles traitées aux pesticides sont responsables de 40% de la pollution.

Les produits phytosanitaires sont chers, déconcertent les consommateurs et peuvent mettre en danger la santé ainsi que l’environnement, constate l’USP, lors de cette conférence de presse. Il faut donc oeuvrer afin d’en utiliser en moindre quantité et de manière ciblée.

Markus Ritter voit en revanche d’un mauvais oeil un renoncement total à ces substances, comme le préconisent deux initiatives – “Pour une eau potable propre et une alimentation saine – Pas de subventions pour l’utilisation de pesticides et l’utilisation d’antibiotiques à titre prophylactique” et “Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse” – en pleine récolte de signatures.

Plan national

Car sans mesures phytosanitaires, les rendements vont baisser de 20 à 40%. Et l’industrie alimentaire suisse a besoin d’un approvisionnement sûr et continu en matières premières. Sans compter que même “la production biologique ne peut se passer des produits phytosanitaires”, souligne le président de l’USP. Celui-ci met en garde aussi contre un approvisionnement à l’étranger et une forte hausse des prix alimentaires.

L’organisation mise sur le plan d’action national du Conseil fédéral pour réduire les apports en pesticides issus de l’agriculture, traitement des eaux de ruissellement et assainissement des sites contaminés, que le gouvernement devrait adopter cet été. Celui-ci inscrit la problématique dans une vision globale en incitant les commerçants, le secteur de la transformation et les consommateurs – soit les autres acteurs – à également assumer leurs responsabilités.

Le plan doit également s’assurer “que les mesures prévues soient corroborées scientifiquement”, soutient le président, rappelant que la Confédération ne doit donc pas économiser dans la recherche. Et l’USP plaide pour une formation continue et améliorée de l’application des produits phytosanitaires.

Les deux initiatives

Les récoltes de signatures pour les deux objets qui s’attaquent aux pesticides courent encore jusqu’en 2018. L’initiative “Pour une eau potable propre et une alimentation saine – Pas de subventions pour l’utilisation de pesticides et l’utilisation d’antibiotiques à titre prophylactique” souhaite que l’agriculteur qui recourt aux pesticides ou aux antibiotiques se voie couper les paiements directs.

L’autre initiative, lancée en novembre, réclame l’interdiction des pesticides de synthèse dans l’agriculture, dans la transformation des produits agricoles et pour l’entretien du paysage. Elle veut également bannir de Suisse les aliments qui contiennent des pesticides ou pour la production desquels des pesticides ont été utilisés. Quelques citoyens neuchâtelois, certains actifs dans le bio, sont à l’origine de ce texte.

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