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L’USS fixe dans la colère ses priorités après l’échec de la PV 2020

Paul Rechsteiner, président de l'USS, a présenté les grandes orientations des syndicats sur la prévoyance vieillesse (archives). KEYSTONE/ANTHONY ANEX sda-ats

(Keystone-ATS) La retraite des femmes à 65 ans n’est plus d’actualité. L’USS a défini ses grandes orientations pour la suite du débat sur la prévoyance vieillesse. Mais l’assemblée des délégués vendredi a donné lieu à des propos musclés sur la désunion syndicale lors de la votation.

L’échec de la réforme de la prévoyance vieillesse 2020 est une chance ratée, a rappelé le président de l’Union syndicale suisse (USS) Paul Rechsteiner à Berne devant les quelque 100 délégués. L’opposition de certaines sections syndicales romandes a contribué à ce naufrage, alors même que l’USS avait démocratiquement décidé de soutenir le projet. “Cela ne doit pas se répéter”, a-t-il lancé.

Frustration et colère ont dominé les interventions de nombre de délégués à la tribune. “Un large mouvement plaidait pour une acceptation de la réforme et un relèvement de l’âge de la retraite des femmes. Il faut que les sections syndicales de Genève et de Vaud prennent conscience du climat politique du pays”, a martelé la genevoise Maria Bernasconi, secrétaire syndicale de l’association du personnel de la Confédération.

Aldo Ferrari, vice-président d’Unia, a qualifié le non du 24 septembre dernier de “victoire à la Pyrrhus”. “Une minorité non démocratique a mené une campagne arrogante et ignorante”, a déploré Wolf Zimmermann pour la commission des retraités de l’USS.

Pas de retraite des femmes à 65 ans

La gauche syndicale ne s’en est pas laissé conter. “Nous assumons le référendum”, a répondu Manuela Cattani présidente de la Communauté genevoise d’action syndicale. Il a débouché sur “la victoire des femmes”. D’autres intervenants romands ont appelé l’USS à l’auto-critique notamment vis-à-vis des travailleuses.

La votation a au moins eu un effet salutaire, selon plusieurs Romands, puisque le papier d’orientation de l’USS, adopté vendredi à l’unanimité, refuse catégoriquement un relèvement de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans. L’objectif de la PV 2020 est désormais qualifié “d’inopportun”.

Les femmes gagnent toujours moins que les hommes, ce qui justifie un âge de la retraite à 64 ans. L’USS rédigera en vue du Congrès 2018 une analyse sur les revenus des personnes qui approchent de l’âge de la retraite et accordera une importance particulière aux femmes, a annoncé Doris Bianchi.

Indexer les rentes aux coûts de la santé

Le train de mesures adopté veut également garantir le financement de l’AVS et soutient le relèvement des cotisations. Il prévoit aussi d’augmenter les prestations et veut que les rentes soient enfin indexées en fonction de la hausse des coûts de la santé.

Dans le 2e pilier, la faîtière syndicale veut lutter contre les profits que les caisses de pensions génèrent sur le dos des rentiers. Elle veut des limitations strictes en particulier pour les sociétés d’assurance-vie.

En outre, elle réclame une transparence totale en matière de coûts administratifs. Enfin, les syndicats veulent lutter pour mieux protéger les groupes vulnérables que sont les femmes et les chômeurs âgés.

Ces mesures sont nécessaires, a souligné Paul Rechsteiner, car le statu quo n’est pas viable. L’AVS dépense plus qu’elle n’encaisse, les rentes du 2e pilier nécessiteront des cotisations plus élevées et les femmes font toujours les frais d’une inégalité flagrante dans la prévoyance professionnelle.

Ces revendications “offensives” vont faire l’objet de propositions concrètes. “L’USS refusera de toutes ses forces un démantèlement social et n’hésitera pas à saisir le référendum en cas de nécessité”, a averti le président de la faîtière qui considère la dissidence comme faisant partie du passé.

Pas avant 2019

L’USS n’attend pas de nouvelle réforme avant 2019. Le débat s’annonce cependant difficile. La table ronde organisée récemment par le ministre en charge du dossier Alain Berset a mis en lumière un désaccord général sur tous les éléments d’une future réforme. Seul point de convergence: il y a nécessité d’agir.

Lors de leur assemblée, les délégués ont également décidé de faire pression pour des mesures plus efficaces en matière d’égalité salariales lors du débat au Parlement. Ils souhaitent notamment que les autorités de contrôle puissent prendre des sanctions contre les entreprises qui ne jouent pas le jeu.

Les syndicats vont aussi combattre de toutes leurs forces l’initiative No Billag. Il en va de la démocratie et de la cohésion nationale. Le peuple doit voter le 4 mars.

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