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La bataille commence au Congrès américain sur la baisse des impôts

La réforme fiscale de Trump représente la plus grande refonte du code des impôts depuis Ronald Reagan, en 1986. Elle a été présentée jeudi par les républicains. Keystone/AP/J. SCOTT APPLEWHITE sda-ats

(Keystone-ATS) Les républicains du Congrès américain ont dévoilé jeudi en détail leur projet de réforme fiscale. Il s’agit des baisses d’impôt présentées par Donald Trump comme les plus importantes de l’histoire et désormais objectif majeur de sa présidence.

“Nous voulons donner aux Américains une baisse d’impôts géante pour Noël”, a déclaré le président américain dans le Bureau ovale. “Je pense qu’on peut vraiment y arriver avant Noël”.

Maintenant que, après des mois de négociations, le texte exact de la proposition de loi est public, la majorité républicaine veut avancer vite pour la faire adopter à la Chambre des représentants avant les congés de Thanksgiving, dans deux semaines, et définitivement par le Congrès avant la fin de l’année.

Les grands titres de la réforme étaient connus et n’ont pas changé: baisse de l’impôt sur les sociétés de 35 à 20%, et réduction des taux de l’impôt sur le revenu, qui oscillera entre 0% à 39,6% selon les tranches. Le taux maximal, datant de l’ère Obama, ne changerait pas, mais il serait appliqué à des revenus plus élevés – 1 million de dollars pour un couple marié.

Une grande simplification fiscale, avec la suppression de déductions, sera également lancée. Seules quelques grandes déductions populaires (intérêts d’emprunts immobiliers, impôts locaux, épargne retraite) seront préservées.

Equivalent d’un an d’essence

“Une famille moyenne de quatre personnes verra ses impôts baisser de 1182 dollars en moyenne”, a déclaré lors d’une grande conférence de presse au Capitole Paul Ryan, le président de la Chambre. L’équivalent d’un an de facture téléphonique ou d’essence, selon lui.

“Nous simplifions tellement les choses que vous pourrez faire votre déclaration sur une formulaire de la taille d’une carte postale”, a-t-il aussi promis.

Les 429 pages du texte législatif rendu public jeudi vont désormais être décortiquées par experts et lobbys pour découvrir comment, en détails, il changera le système fiscal américain. Cette réforme représente la plus grande refonte du code des impôts depuis Ronald Reagan, en 1986.

Augmentation du déficit

Politiquement, le champ de bataille se situe principalement au sein de la majorité. L’opposition démocrate n’a aucune intention de coopérer pour aider le président à engranger une victoire. Les républicains “ont écrit cette loi dans l’ombre et veulent la précipiter au Congrès avant qu’elle soit bien comprise”, a dit la chef de la minorité démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi.

Ils dénoncent une baisse d’impôts qui profitera mécaniquement plus aux “1%” qu’à la classe moyenne. Ils citent la suppression programmée, dans six ans, de ce que les républicains appellent “l’impôt sur la mort”: l’impôt sur les successions, qui ne frappe déjà aujourd’hui que les grandes fortunes.

Donald Trump, à la veille de son départ pour une tournée de 12 jours en Asie, concentre sa cour sur les parlementaires républicains. Il a reçu des sénateurs dans le Bureau ovale jeudi matin, et recevra dans l’après-midi des membres de la Chambre, uniquement républicains.

Les factions républicaines, entre les pro-entreprises du Nord-Est et les conservateurs du centre rural du pays, s’affrontent sur l’architecture future du système fiscal, et sur le degré acceptable d’entorse aux principes d’orthodoxie budgétaire prêchés avec ferveur durant les années Obama.

Car la réforme coûtera cher aux finances publiques: 2400 milliards de dollars de recettes fiscales en moins sur la première décennie, selon une analyse la semaine dernière par le Tax Policy Center. Ses experts ne croient pas que ces pertes de recettes seront compensées par un regain de la croissance, comme Donald Trump l’affirme.

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