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La branche veut exporter dans des pays en guerre, même intérieure

Des soldats danois patrouillent en Irak en 2006 en Piranha, un char de grenadiers qui peut être engagé tant en opérations défensives qu'offensives (Archives). Keystone/EPA/HAIDER AL-ASADI sda-ats

(Keystone-ATS) Des entreprises suisses d’armement souhaitent pouvoir exporter leurs produits aussi dans des pays connaissant des conflits armés intérieurs. La commission de politique de sécurité du Conseil des Etats à laquelle elles se sont adressées les a invitées à s’exprimer.

Le rendez-vous est fixé à vendredi prochain déjà, a dit samedi à l’ats Isidor Baumann (PDC/UR), président de la commission, confirmant une information des quotidiens Tages-Anzeiger et Bund. Selon ces derniers, treize entreprises actives dans l’industrie de l’armement qui livrent aussi l’armée suisse ont signé la lettre adressée à la commission du Conseil des Etats.

En tant que président, M. Baumann ne veut pas en préciser le nombre, ni les noms. Et les deux quotidiens alémaniques de citer notamment Ruag, la Mowag, Thales et Systems Assembling SA à Boudry (NE). A l’appui de leur doléances, les entreprises invoquent la délicate situation économique dans laquelle se trouve la branche, avec des milliers d’emplois en jeu.

Chute des exportations

Leur existence est en danger, car – après un pic en 2011 – les exportations d’armes se sont effondrées. Cette chute est entre autres due à la pratique d’autorisation du Conseil fédéral, argumentent-elles.

La réglementation suisse est en effet bien plus restrictive que celle de l’Union Européenne, où les entreprises d’armement ont le droit d’exporter leurs produits dans les pays connaissant des conflits armés internes. Les noms de ces pays n’ont pas été donnés. Les quotidiens alémaniques citent le Yémen, la Jordanie et le Pakistan.

Moins de commandes de l’armée

La branche déplore également que l’armée suisse achète moins de matériel. L’argument selon lequel elle est devenue plus petite n’est que partiellement juste, selon M. Baumann. Et le conseiller aux Etats de relever que “le budget de l’armée suisse se monte tout de même à quelque 5 milliards de francs”. La question est plutôt de savoir si l’armée se fournit en Suisse ou à l’étranger, et pourquoi, selon lui.

GSsA: armes au terroristes

Le Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) met en garde contre un assouplissement des restrictions concernant l’exportation. Fournir des armes aux pays confrontés à des conflits armés internes augmente le risque que des armes finissent dans les mains de groupes terroristes, affirme-t-il samedi dans un communiqué.

De plus, cela va à l’encontre de “la tentative de la diplomatie suisse de résoudre les conflits sans la violence”. “Les livraisons d’armes ne permettent pas qu’une guerre se termine, au contraire, elles aggravent la situation”, selon le GSsA.

Un des principaux pays exportateurs

La Suisse a vendu moins d’armes en 2016, mais elle reste l’un des principaux pays exportateurs. Elle a vendu pour 411,9 millions de francs de matériel de guerre, contre 446 millions en 2015, indiquait en février le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO).

“La Suisse se situe loin devant la majorité des pays, particulièrement concernant les exportations en direction des pays en voie de développement”, concédait alors Simon Plüss, responsable de ce secteur au SECO. Selon le Sipri, l’institut international de recherche sur le contrôle des armes, la Suisse figure au 14e rang des pays exportateurs d’armes.

Le recul constaté en 2016 est en partie dû à un “environnement difficile” sur le marché européen. L’introduction de l’ordonnance sur le matériel de guerre (qui interdit d’exporter si le pays de destination est impliqué dans un conflit armé interne ou international) est aussi une des causes de la baisse continue des exportations d’armes suisses, selon M. Plüss.

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