La campagne du PS s’appuie sur la réforme des retraites

(Keystone-ATS) Rentes AVS, tournant énergétique, chômage des travailleurs âgés: le PS a lancé mardi sa campagne en vue des élections fédérales du 18 octobre. Passant comme chat sur braise sur le thème de l’asile, les socialistes ont mis en avant les fractures qui divisent la Suisse.

“C’est la campagne la plus décisive” depuis longtemps, a lancé le président du Parti socialiste suisse (PS) Christian Levrat lors d’une conférence de presse à Berne. Car deux Suisses s’affrontent: l’une s’isole et dénonce les bilatérales et la convention européenne, l’autre a confiance en elle et prône l’ouverture.

Sauver Eveline Widmer-Schlumpf

Du choix de ces deux Suisses dépendra l’orientation donnée à toute une série de thèmes au menu de la session de septembre: tournant énergétique, rentes AVS ou encore composition du Conseil fédéral. Car à chaque fois, au Parlement, la différence entre les deux blocs qui s’affrontent, les conservateurs d’un côté, la gauche alliée au centre de l’autre, est minime.

Il faut donc peu pour faire basculer les décisions vers une rente AVS sûre et équitable ou pour abandonner le nucléaire, a souligné le conseiller aux Etats fribourgeois. Ou encore pour assurer la réélection de la conseillère fédérale bourgeoise-démocrate Eveline Widmer-Schlumpf.

“Les grandes forces politiques doivent être représentées au gouvernement. Mais si le bloc conservateur n’a pas la majorité au Parlement, je ne vois pas pourquoi il l’aurait au gouvernement”, a argumenté Christian Levrat.

“Où est le chaos?”

Et l’asile, décrété thème de campagne par l’UDC et repris par les autres partis? Le débat sur l’asile a atteint une hystérie disproportionnée, a répliqué le président du PS. Il n’y a jamais eu aussi peu de réfugiés économiques, de cas d’abus, a-t-il ajouté. “Où est le chaos?”

Derrière les slogans et affiches qui fleurissent sur ce thème, il y a des gens, a complété Leyla Gül, cosecrétaire générale du parti. “Nous voulons des solutions concrètes plutôt que susciter des émotions négatives.”

Pour répondre aux craintes xénophobes, le PS veut résoudre les problèmes de logement, de salaire, etc. “Je pense que c’est à cause de cela qu’on a perdu la votation du 9 février contre l’immigration de masse. Et c’est sur ces sujets que nous lançons la campagne”, a affirmé Christian Levrat.

20% aux élections

Afin de concrétiser ces choix d’une Suisse ouverte, “Pour tous, sans privilèges”, selon le slogan réactualisé du parti, le PS vise 20% des voix aux élections fédérales.

“Il faudra non seulement se maintenir là où nous avions progressé en 2011, mais nous renforcer dans les autres cantons, afin de compenser les pertes du PDC et des Verts”, a détaillé le stratège socialiste.

Budget de 1,4 million

Pour y parvenir, le parti dispose d’un budget de 1,4 million de francs, financé à plus de 90% par les contributions de membres et de dons privés. Les dons de l’assureur La Mobilière et de la banque Raiffeisen se montent à 2%, les mandats du groupe parlementaire également, précise le parti, qui mise sur la transparence.

Et sur l’engagement bénévole de ses militants. “Un entretien personnalisé est plus efficace, plus direct et plus honnête que de recouvrir la Suisse de publicités onéreuses. Les autres partis ont les millions, nous avons les militants”, a répliqué la cosecrétaire générale Flavia Wasserfallen.

Ces discussions personnalisées ont lieu dans des MOB Cafés, des cafés de la mobilisation, où les débats politiques sont accompagnés de douceurs.

Typiquement socialiste…

Des affiches compléteront le dispositif de campagne, en reprenant les thèmes chers aux socialistes: AVS, logement, travailleurs âgés, égalité salariale. On peut y voir des hommes en costards chics et gros cigares, véritables caricatures du patron. Le sourire carnassier, l’un d’eux déclare : “Hahaha! Du job pour des vieux travailleurs? Typiquement socialiste…”