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La Chambre des représentants des Etats-Unis vote un texte contesté

(Keystone-ATS) La réponse du Congrès américain aux attentats de Paris se précise. La Chambre des représentants a adopté jeudi une mesure qui suspendrait l’accueil de réfugiés syriens et irakiens. La décision a été prise malgré la menace de veto du président Obama.

Le texte a été voté avec l’appui de la majorité républicaine et d’une partie des démocrates, par 289 voix contre 137 et huit absents. Il doit encore être examiné par le Sénat, où son avenir est incertain.

Quoiqu’il arrive, la Maison Blanche a annoncé que le président mettrait son veto. Ce veto ne pourra être surmonté qu’avec un nouveau vote à une majorité de deux tiers, soit 290 voix à la Chambre si tous les élus participaient.

“Pause dans le programme”

Le vote de jeudi est une manifestation de la soudaine vague de rejet des réfugiés syriens. Celle-ci a gagné le pays après les attentats de Paris, et alors que se déroule la campagne des primaires présidentielles.

“Ce plan décrète une pause dans le programme. C’est un critère sécuritaire, pas un critère religieux”, a déclaré le président républicain de la Chambre, Paul Ryan.

Les conservateurs ont fait valoir que le directeur du FBI, James Comey, a lui-même souligné que les Américains disposaient de peu d’informations sur les ressortissants syriens. “Aucun processus n’a de risque zéro”, a dit en octobre le secrétaire à la Sécurité intérieure, Jeh Johnson.

Des “aiguilles terroristes”

“Pouvez-vous me nommer ou identifier un seul terroriste kamikaze qui ne soit pas musulman?”, a demandé le représentant conservateur Steve King. “Nous avons une énorme botte de foin d’humanité, ce foin est relativement bénin, mais dans cette botte se cachent des aiguilles terroristes”.

La loi, une sorte de compromis élaboré par les républicains dans le but de rallier des voix démocrates, n’interdirait toutefois pas définitivement l’admission de réfugiés de ces pays.

“Exigences inutiles”

Le texte exigerait in fine que le directeur du FBI, le secrétaire à la sécurité intérieure et le directeur du renseignement national certifient personnellement que chaque réfugié ne pose pas de menace sécuritaire.

“Cette loi introduirait des exigences inutiles et impossibles à mettre en oeuvre qui freineraient, de façon inacceptable, nos efforts pour assister certaines des personnes les plus vulnérables au monde, dont beaucoup sont victimes du terrorisme”, a plaidé la Maison Blanche.

Déjà des conséquences

Une vingtaine d’Etats ont déjà annoncé suspendre l’accueil de Syriens, après les attentats de Paris, par crainte qu’un djihadiste ne se cache parmi eux. Cette décision a déjà eu des conséquences pour une famille de Syriens, autorisée à s’installer aux Etats-Unis, qui a dû être envoyée dans le Connecticut au lieu de l’Indiana.

Quelque 187 Syriens ont été admis aux Etats-Unis depuis le début de l’année budgétaire qui commence le 1er octobre, soit une toute petite fraction des 10’000 réfugiés syriens que le président Barack Obama a promis d’accueillir dans les 12 mois.

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