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La communauté internationale peine à empêcher les naufrages

Le Haut commissaire de l'ONU aux réfugiés Filippo Grandi a rencontré jeudi à Berne la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga pour évoquer les défis actuels liés à la crise migratoire . KEYSTONE/LUKAS LEHMANN sda-ats

(Keystone-ATS) La communauté internationale n’a pas le droit de s’habituer aux naufrages de migrants qui veulent à tout prix gagner l’Europe. Pour la ministre de justice et police Simonetta Sommaruga, cette réaction est en partie due à de l’impuissance.

L’Europe doit s’engager davantage, l’augmentation des drames en Méditerranée est toutefois d’abord liée à la situation actuelle en Libye, a expliqué jeudi la conseillère fédérale à l’ats après avoir rencontré le Haut commissaire de l’ONU aux réfugiés Filippo Grandi. Les migrants y sont parqués et exploités dans des conditions épouvantables et du coup prêts à risquer leur vie pour s’enfuir.

L’aide sur place est donc prioritaire pour le HCR et l’Europe. Il faut arriver à stabiliser le flux de réfugiés au départ et développer l’emploi et la formation de l’autre côté de la Méditerranée, a expliqué M. Grandi.

Difficile à court terme

La Suisse est prête à soutenir des projets en Libye. Elle participe actuellement à un projet de l’Organisation internationale pour les migrations. Le programme soutient les réfugiés particulièrement vulnérables ou emprisonnés acceptant de retourner dans leur pays d’origine. Ces efforts représentent un investissement indispensable, mais il ne faut pas en attendre de résultat immédiat, surtout tant qu’il n’y aura pas d’interlocuteur en Libye, a prévenu Mme Sommaruga.

En Europe, la situation reste aussi très difficile pour les 50’000 migrants en Grèce, a-t-elle relevé. Le programme de relocalisation de l’UE peine à décoller car certains pays pensent que les Grecs ne font pas leur travail en matière d’enregistrement. La situation est aussi compliquée par le fait que ce programme concerne les Syriens ou les Irakiens, mais pas les Afghans par exemple.

500 réfugiés de plus en 2016

La Suisse collabore activement avec le HCR en accueillant des contingents de réfugiés déjà reconnus. Plus d’un millier de personnes des régions en crise autour de la Syrie sont déjà arrivées sur sol helvétique dans le cadre de ce programme de réinstallation. Environ 500 devraient suivre d’ici à la fin de l’année.

La situation en Turquie où Berne s’engage financièrement depuis des années dans un programme du HCR pour soutenir les réfugiés et les autorités a aussi été évoquée. Pour la Suisse, tous les Etats doivent prendre leurs responsabilités et le système de Dublin doit être réformé.

Mais les pays de l’Europe de l’Est font de la résistance et il sera difficile de trouver une solution à court terme. La conseillère fédérale n’en est pas moins convaincue que la solidarité internationale est indispensable.

Aux commandes du HCR depuis janvier, M. Grandi a aussi parlé jeudi de coopération internationale avec le secrétaire d’Etat aux affaires étrangères Yves Rossier. Il s’est inquiété du déséquilibre croissant entre les besoins humanitaires et les moyens disponibles. Le budget global du HCR n’a permis de couvrir que la moitié des besoins en 2015.

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