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La confrontation Washington-Moscou se durcit sur le dossier syrien

Le Conseil de sécurité de l'ONU a étalé mardi ses divisions sur la création d'un nouveau mécanisme d'enquête sur le recours aux armes chimiques en Syrie. L'institution s'est montrée incapable de trouver un consensus au profit de la population syrienne. KEYSTONE/AP/JULIE JACOBSON sda-ats

(Keystone-ATS) L’affrontement diplomatique entre la Russie et les Etats-Unis au Conseil de sécurité de l’ONU a conduit mardi à une impasse. Trois projets de résolution visant à enquêter sur le recours aux armes chimiques en Syrie n’ont pas passé la rampe.

Moscou, soutien indéfectible de Damas, a opposé son veto au Conseil de sécurité de l’ONU au projet américain visant à créer un mécanisme d’enquête indépendant sur le recours aux armes chimiques en Syrie. Deux textes concurrents présentés par les Russes n’ont eux pas réuni suffisamment de voix pour être adoptés. Un texte est adopté lorsqu’il recueille au moins 9 voix, sans veto d’un membre permanent (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume Uni).

Le premier projet russe prévoyait que les enquêteurs rendent leurs conclusions au Conseil de sécurité, qui se serait chargé ensuite d’établir les responsabilités. Quant au second, il visait à soutenir une enquête à Douma en Syrie de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).

Basée à La Haye aux Pays-Bas, l’OIAC a indiqué mardi qu’elle allait envoyer “sous peu” des enquêteurs à Douma, près de Damas. Cette instance n’a cependant pour mission que de confirmer ou d’infirmer l’usage d’armes chimiques, sans en identifier les utilisateurs. C’est ce qu’a pointé le Royaume-Uni, justifiant ainsi son vote contre la proposition russe.

“Il n’y a pas besoin d’une résolution de l’ONU pour soutenir une mission de l’OIAC en Syrie”, a fait aussi valoir un diplomate occidental sous anonymat. Un déplacement de l’OIAC va prendre combien de temps? Quel accès sur le terrain? Comment garantir qu’un “nettoyage” ne sera pas fait avant sur le lieu des attaques?, s’est-il interrogé.

“Condamnation” ou “préoccupation”?

Une autre différence entre les propositions américaine et russe réside dans le positionnement du Conseil de sécurité face aux attaques chimiques présumées. Le texte américain veut clairement condamner les faits, tandis que la deuxième mouture russe évoque une “préoccupation profonde” du Conseil de sécurité, “alarmé” par les allégations sur un recours aux armes chimiques le 7 avril, dans des attaques qui ont fait au moins 40 morts.

La Russie, comme la Syrie, dément tout recours aux armes chimiques ce jour-là. Elles dénoncent une manipulation de l’opposition alors que les forces loyalistes achèvent la reconquête de la région après sept semaines d’offensive. De leur côté, les Occidentaux remarquent que l’attaque imputée au régime de Bachar al-Assad n’aurait pu se faire qu’avec le soutien ou au moins à la connaissance de Moscou.

La branche française de l’Union des organisations de secours et de soins médicaux (UOSSM) parle d’une soixantaine de morts et d’un millier de blessés. Les sauveteurs syriens en zone rebelle, et une ONG américaine dénombrent eux au moins 40 morts.

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