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La défense veut le sursis dans le procès des diamants à Genève

(Keystone-ATS) Shahram Dini, l’avocat de l’agent immobilier poursuivi pour recel de diamants volés à Bruxelles en 2013, a demandé mercredi au Tribunal correctionnel de Genève une peine avec sursis pour son client. Le Ministère public avait requis trois ans et demi de prison.

“A Genève, il n’y a pas de gangsters, pas de violence, pas d’armes, nous ne sommes pas à Bruxelles”, a souligné M. Dini. “Mon client n’a jamais décidé du jour au lendemain qu’il allait devenir un hors-la-loi”, a ajouté l’avocat. Selon lui, il a caché une partie des diamants volés dans une cave uniquement “pour rendre service”.

Ce service, il l’a rendu à un ancien truand français, qu’il avait rencontré au Maroc, et qui est par la suite devenu un ami proche. L’homme au physique impressionnant, mesurant deux bons mètres, traîne un passé judiciaire lourd, ce qui ne l’empêche d’apparaître comme “jovial, chaleureux et aimable”, a relevé l’avocat.

Un janus

Le gangster, qui a participé à un degré encore à déterminer au braquage de Bruxelles, a cependant un “deuxième visage”, qu’il a dévoilé lors de l’affaire des diamants. Selon M. Dini, le truand a tissé sa toile pour gagner l’amitié de son client et l’utiliser au bond moment, en lui demandant de cacher et d’écouler des pierres.

Jusqu’à son interpellation, l’agent immobilier a ensuite subi une pression constante de la part de son ami. “Il inspirait de la crainte” et le premier souci du promoteur immobilier une fois arrêté était le risque de représailles à son encontre. Le prévenu n’a jamais minimisé, selon son avocat, sa propre responsabilité dans cette affaire.

Avocat exemplaire

Les trois autres accusés, un régisseur et un autre agent immobilier poursuivis pour avoir acheté un diamant, ainsi qu’un avocat de la place, ont pour leur part tous plaidé l’acquittement. François Canonica, qui s’occupe des intérêts de l’avocat genevois accusé de tentative d’entrave à l’action pénale, a rappelé la déontologie et l’éthique dont a fait preuve son client tout au long de ses trente ans de métier.

Selon M. Canonica, le prévenu, qui dans la vie est le conseiller et l’ami de longue date du principal protagoniste de l’affaire, ignorait tout de l’existence des diamants. Il s’était bien fait remettre les clés du local où étaient entreposées les pierres, mais il ne savait pas que cette cave était en vérité “la cache d’un butin”.

Pour M. Canonica, le Ministère public, dans ce dossier, en se fondant sur des écoutes et en les interprétant à sa façon, s’est laissé aller à des “fantasmes accusatoires”. Concernant les clés du local que l’avocat avait déposé dans son coffre, il a invoqué de bonne foi, selon son défenseur, le secret professionnel pour ne pas les rendre.

Sur le tarmac

Les diamants avaient été volés lors d’un braquage spectaculaire qui avait été commis le 18 février 2013 à l’aéroport de Bruxelles. Au moins huit hommes armés de fusils-mitrailleurs, encagoulés et porteurs d’uniformes de policiers s’étaient approchés d’un avion de la compagnie Helvetic Airways qui s’apprêtait à décoller pour Zurich.

Ils s’étaient emparés de 120 colis contenant pour 37 millions d’euros de diamants. La valeur totale des diamants retrouvés dans la cave du promoteur immobilier s’élevait à environ 7 millions de dollars. Le tribunal devrait rendre son jugement jeudi ou vendredi.

Fiché au grand banditisme français, le gangster ayant pris part au braquage en Belgique avait été interpellé à Metz (F) le 7 mai 2013. Il avait ensuite été remis en liberté provisoire par la justice belge. Il y a une dizaine de jours, il a de nouveau été arrêté à Annecy (F), pour la séquestration présumée de sa cousine.

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