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La diplomatie patine à Genève, la violence continue en Syrie

"Nous avons parlé exclusivement du format des discussions à venir", a déclaré à la mi-journée le chef de la délégation syrienne, Bachar al-Jaafari, à l'issue d'une rencontre de deux heures avec M. de Mistura. KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI sda-ats

(Keystone-ATS) L’ONU tentait péniblement vendredi de lancer des discussions à Genève entre les deux principaux belligérants syriens. Sur le terrain, la violence continue dans ce conflit aux ramifications inextricables.

Au deuxième jour des nouvelles négociations entre le régime de Damas et l’opposition syrienne, aucune discussion sur le fond ne s’est encore engagée, ni avec l’ONU, et encore moins entre les deux parties. Le processus semble s’enliser dans des questions de procédure. Pourparlers directs ou indirects? Quelle composition pour la délégation de l’opposition?

“Nous avons parlé exclusivement du format des discussions à venir”, a déclaré à la mi-journée l’impavide chef de la délégation syrienne, Bachar al-Jaafari, à l’issue d’une rencontre de deux heures avec M. de Mistura. “Il nous a donné un papier, nous sommes d’accord pour l’étudier et donnerons notre réponse par les canaux diplomatiques usuels”.

Selon une source proche des négociations, le “papier” comprend les trois points sur lesquels l’ONU veut engager les discussions: transition, constitution et élections.

Délégation rebelle contestée

“Nous allons parler de procédure”, a dit comme en écho un membre de la délégation de l’opposition, Assad Hana, avant une rencontre prévue dans l’après-midi avec l’émissaire de l’ONU. L’opposition rassemblée dans le Haut comité des négociations (HCN) réclame des négociations directes avec le régime. Ce dernier n’a pas donné de réponse, mais conteste la composition de la délégation de ses adversaires.

Enfin et surtout, l’ordre du jour des discussions reste une question très délicate. Prévue dans la résolution 2254 du Conseil de Sécurité qui sert de base aux négociations de paix, la “transition politique” est au coeur du débat. Mais elle n’a pas le même sens pour Damas et ses alliés russe et iranien d’un côté, pour l’opposition de l’autre.

“Dans l’esprit des Russes et du régime, on met en place un gouvernement d’union nationale, Bachar Al-Assad reste président et on fait entrer des opposants qui s’occuperont de la Chasse et des Sports. Dans l’esprit de l’opposition, il est clair que le président syrien ne peut pas rester au pouvoir”, résume la source diplomatique occidentale.

Attentats à Al-Bab

Pendant ce temps, la violence secoue toujours la Syrie. Un attentat-suicide a fait plus de 50 morts, des rebelles syriens, vendredi à Al-Bab. Le fief des djihadistes de l’Etat islamique (EI) dans le nord du pays avait été repris la veille par les insurgés alliés aux Turcs. Un autre attentat contre un barrage à l’entrée d’Al-Bab a tué deux soldats turcs, a annoncé Ankara.

Par ailleurs, une trentaine de rebelles ont été tués jeudi dans des raids aériens du régime syrien à l’ouest d’Alep (nord). La métropole avait été reconquise fin décembre par les forces de Damas.

Un cessez-le-feu conclu fin décembre sous les auspices de la Russie, alliée de Damas, et de la Turquie, soutien de l’opposition, est censé s’appliquer au régime et à l’opposition armée, à l’exclusion des djihadistes.

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