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La droite fourbit ses armes au National face à la SSR

(Keystone-ATS) La pression monte face à la SSR. La droite a réussi mercredi au National à imposer que certaines de ses idées soient clairement prises en compte dans la grande discussion sur le service public qui sera lancée l’an prochain. Le Conseil des Etats tranchera jeudi.

Aucune décision de fond n’a été prise lors de la session extraordinaire organisée à la demande de l’UDC. Les pourfendeurs du service public n’en ont pas moins réussi à montrer les muscles et à obtenir que certaines de leurs revendications soient examinées dans le rapport que le Conseil fédéral doit présenter à la mi-2016.

Demandes à étudier

Dans une motion adoptée par 92 voix contre 75 de Natalie Rickli (UDC/ZH), le National demande notamment d’étudier l’idée d’un mandat subsidiaire à la SSR, qui ne serait présente que là où les médias privés ne garantissent pas l’offre. Le nombre de chaînes radio et télévision pourrait être réduit.

Certaines émissions à forte audience pourraient être réservées à la concurrence. La présence de la SSR sur Internet pourrait aussi se limiter à un service d’audio- et de vidéothèque. Enfin, la droite examiner plusieurs variantes de budget, avec recettes de la redevance laissées à 1,3 milliard ou réduites à 500 millions.

Les détracteurs de la SSR ont été galvanisés par les résultats de la votation du 14 juin, lors de laquelle la généralisation de la redevance n’a été acceptée que du bout des lèvres par le peuple. Un nouveau scrutin se profile à l’horizon avec le dépôt de l’initiative “No Billag” qui veut interdire à la Confédération de subventionner toute chaîne de télévision ou de radio et de prélever une redevance.

Rapport partial ?

A droite, on craint que le Conseil fédéral ne fasse la part trop belle à la SSR. Le rapport que vient de publier la Commission fédérale des médias (COFEM) défend le maintien d’un service public et juge son mode de financement adéquat.

Les propositions de convertir la SSR en pur producteur de contenus ou de la priver de publicité sont rejetées. Même si des restrictions restent possibles, comme la réclame sur la Toile ou sur les radios. Tout au plus la commission prône davantage de transparence.

Au nom de l’UDC, le Zurichois Gregor Rutz n’a pas manqué de critiquer ce document. Il faut miser sur la large offre que peut offrir le secteur privé sans argent public, a-t-il lancé.

Comment peut-on attendre un rapport final sérieux sur le service public s’il n’y a que l’avis du Conseil fédéral et pas celui du Parlement ?, a ajouté Natalie Rickli, que la gauche n’a pas hésité à prendre à partie pour ses activités professionnelles chez Goldbach Media.

La SSR fonce droit dans le mur, si on en reste au statu quo, a averti Jürg Grossen (PVL/BE), tout en se défendant de vouloir une “Berlusconisation” du paysage médiatique. Selon lui, il est nécessaire de revoir la constitution pour redéfinir le service public à l’heure du numérique et de la diversification des vecteurs d’informations.

Menace pour la diversité ?

La droite veut nous forcer la main, a critiqué Martin Candinas (PDC/GR). Le service public ne doit pas devenir la proie des différentes considérations politiques, ni le Parlement gérer le budget de la SSR. Il n’y a pas à privilégier certains souhaits spéciaux.

Et si le rapport du Conseil fédéral n’est pas complet, on pourra très bien rectifier le tir après coup, selon Martin Landolt (PBD/UR). Kurt Fluri (PLR/SO) s’est quant à lui étonné des oppositions à la motion, puisqu’elle permettra aussi d’intégrer dans le rapport les interventions encore pendantes et provenant de la gauche.

Cette dernière s’est pour sa part rangée derrière une SSR forte. Pas question de réduire la redevance voire de la supprimer comme le veut l’UDC, a souligné Valérie Piller Carrard (PS/FR) . Le service public doit conserver un rôle central de forum de la démocratie et de miroir de la diversité du pays, a ajouté Regula Rytz (Verts/BE).

Charrue avant les boeufs

Tout en affirmant que son rapport sera complet, la ministre de la communication Doris Leuthard a appelé en vain à ne pas préjuger de l’issue du débat de l’en prochain. Certaines des interventions pendantes mettent la charrue avant les boeufs, selon elle.

Ainsi, on ne peut pas fixer les coûts avant de définir le mandat du service public. Il faudra tenir compte de la numérisation croissante mais aussi du fait que la Suisse est un petit pays fortement couvert par les médias étrangers.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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